Le chagrin, je veux aller le chercher en toi.
La joie, je voudrais t’en pénétrer tout entière.
La peur me jette dans la cache de tes bras.
Le courage me laisse le cran de te faire
changer d’avis et puis de te dire ce qu’il
faudra faire, après. Les fleuves, c’est le fil
de mon eau ; nous respirons à deux. Tu regardes –
sinon j’ai peur – sur le qui-vive et m’aides à
passer les abîmes, où je te retrouve et où
il te faut savoir que je sais où et comment
faire mouche. L’esprit, c’est toi, la fine mouche,
qui piges le banal don des langues. Je me
lève, tu me fiches le cafard, je me perds,
tu me guides, ou c’est moi ; nous y arrivons.
Marilyn Hacker, Fleuves et retours, traduction de Jean Migrenne, Amiot-Lenganey, 1993, p. 99
Grief, and
I vant to take it up in you ;
joy, and I
want to spend it all inside
you ; fear,
and you are the place I can hide.
Courage is
what leaves me brave enough to
turn you
around and tell you what to do
to me,
after. Rivers, ans downstream glide
I ; we
breathe together. You look, or I’d
get scared,
but you’re watching while you take me through
the deep
part, where I find you, where you need
to know I
do know where, know how to drive
the point
home. Wit : you get the point and flat
statement
of a gift of tongues. I get
up ; and
you get me down, get lost, you lead
me home, or
I take you, and we both arrive.
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