ELUS
Les feuilles prennent la teinte de camions
calcinés sur la route vers Jérusalem. Armure
périmée. Les raisins au marché
déjà sentent le vin,
et les mouches pompent le sucre
de leurs peaux trop gonflées.
Nous pensons aussi pouvoir sentir la pluie,
écrasant dans le nord ses miroirs minuscules
comme si nous étions dans l’attente de ce qui
pourrait advenir.
Élus pour quoi ? Les carpes vivantes
se débattent dans leurs cuves. Elles pensent
qu’elles devraient prendre leur envol.
J’en ramène une chez moi dans un sac en plastique.
Shirley Kaufman, Un abri pour nos têtes, traduit de l’américain par Claude Vigée, édition bilingue, Cheyne Éditeur, 2003, p. 17
CHOSEN
Leaves are the color of burned-out
trucks ont the road to Jerusalem. Obsolete
armor. Grapes in the market
already smell of wine,
and the flies tap sugar
from their overstuffed skins.
We think we can semell the rain too,
smashing its tiny mirrors in the north
as if what we waited for
might come.
Chosen for what ? The live carp
flap in theirs vats They think
they should be flying.
I take one home in plastic bag.
lire le compte rendu d’une lecture de Shirley Kaufman et Claude Vigée à la librairie Village Voice
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