Pour saluer la parution d’un
tout nouveau et indispensable Poésie/Gallimard,
qui met à la portée de tous une œuvre extraordinaire et bien trop tenue dans
l’ombre, celle de Jean-Paul de Dadelsen. Une émission
lui est consacrée vendredi soir sur France Culture.
extrait de Bach en
automne
II
J’ai connu jadis les jours de
marche, les ormes vers le soir énumérés
De borne à borne sous le
soleil chromatique,
L’auberge à la nuit où fument
quenelles de foie et cochon frais.
Jadis à libres journées j’ai
marché jusqu’à Hambourg écouter le vieux maître.
Haendel en chaise de poste
s’en est allé
Distraire le roi de
Hanovre ; Scarlatti vagabonde dans les fêtes d’Espagne.
Ils sont heureux.
Mais à quoi serviraient les
pédales des orgues, sinon
À signifier la route
indispensable ?
Sur ce chemin de bois, usé
comme un escalier, chaque jour, que ce fût
Sous les trompettes de Pâques
ou les hautbois jumeaux de Noël,
Sous l’arc-en-ciel des voix d’anges
et d’âmes,
De borne à borne répétant mon
terrestre voyage, j’ai arpenté
La progression fondamentale
de la basse.
Au-dessus de la route
horizontale par où les négociants partent non sans péril
Marchander aux échoppes de
Cracovie
les perruques, les parfums,
les peaux apportées des éventaires de Novgorod,
Seule l’alouette s’élance
dans la verticale divine.
Avant qu’à la suite de son
Soleil
Hors de la tombe, de l’ordre,
de la loi, l’âme éployée ne parvienne à jaillir.
La terre apprise avec effort
est nécessaire.
voir
la fiche bio-bibliographique de Jean-Paul de Dadelsen
Rédigé par : villechange maguy | samedi 17 septembre 2005 à 14h48