Le cœur serait-il, déjà, cette eau étale, ce
bleu dans les paupières ? Tu n’iras pas ; non.
Nul ne t’accompagne ; la lumière est un
poulpe aveugle.
Puis-je vivre en dehors des mains d’une
femme ? Tu n’as rien dit. C’est vrai
*
Que nul ne renonce à faire, marchant, le
détour du sentier, puisque je suis ce détour :
cela qui va s’éloignant, te rapprochant de ton
habitation.
Vois, la lumière scintillait, j’écrivais !
*
Ouvrir l’intérieur – si invisible sur les
lèvres qui ont chanté : l’intérieur – oursin
tranché en deux – et
palpitant.
Hautes branches dessous quoi nous
avions passé, courbés, enfants qui recher-
chaient le peu de choses qui demeuraient à
dire – si inquiets dans le deuil d’une
légende – si inquiets d’être si longtemps à
côté du cœur.
Ô langue périssable ce fut le commence-
ment d’aimer !
Mathieu Bénézet, Ceci est mon corps, Flammarion / Éditions Léo Scheer, 1979, 1985, 2005, p. 240, 241 et 257.
Lire la fiche de Matthieu Bénézet et d’autres extraits de son oeuvre
Bénézet
Matthieu, extrait
1, extrait
2, Mais
une galaxie,
Rédigé par : JC-Milan | dimanche 25 septembre 2005 à 20h27