La vieille aux chats, adossée à la palissade, le dos en voûte, soudain me parle, près de ce terrain vague où elle vient tous les jours apporter un plat pour les chats errants de la rue – un plat qui contient de la viande, un peu de pain, des légumes bouillis parfois – soudain me parle, attristée par la rue et dans tous ses états.
La vieille aux chats, elle se plaint, un peu perdue, et
montrant du doigt cette rue, là où demain se construira un immeuble trapu sur le
terrain des chats.
Où ira-t-elle les nourrir quand la palissade sera, où,
soudain qui me parle, elle se tient, affalée sur la voie ouvrant passage aux
grues ?
Car elle y tient, le vieille aux chats, qui parle le dos en voûte et les doigts tordus, à ce terrain vague où depuis longtemps déjà elle revient, à ses moments perdus, glisser entre les planches ce qu’elle tient bien, là dans ses mains, ces gamelles plastique écru qu’elle appelle « plats pour ses chats ».
A corps et cœur perdus, elle se plaint
Armelle Leclercq, Pataquès, Comp’Act, 2005, p. 16.
Rédigé par : Florence Trocmé | mercredi 28 septembre 2005 à 15h42