François
Rastier vient de faire paraître un important ouvrage intitulé Ulysse à
Auschwitz, Primo Levi, le survivant.
Paris, éditions du Cerf,
collection Passages, 2005.
ISBN : 2-204-07617-1
Si Primo Levi est partout
reconnu comme figure emblématique du témoin de l’extermination, sa poésie n’a
guère retenu l’attention ; elle tient pourtant une place centrale dans son
œuvre, dont la portée esthétique reste sous-estimée.
Dans une langue très
simple en apparence, elle dessine la figure ambiguë du survivant, elle prête la
parole aux morts en vain, aux engloutis, mais aussi à des animaux méprisés, à
des inanimés. Cet essai a l’ambition de reconnaître toute la portée de cette
œuvre poétique, bien qu’en opposant la littérature au témoignage on néglige
encore trop souvent l’enjeu artistique de la littérature de l’extermination.
Aux proses du témoin
répondent les poèmes du survivant, et cette dualité traverse la vie et l’œuvre
de Levi. La figure d’Ulysse, celui de l’Enfer de Dante, prend alors toute sa
signification allusive.
Quand certains
prophétisent une après-culture et une post-humanité, l’éthique poétique de Levi
devient de plus en plus éclairante et nécessaire. Alors que des discours
néo-apocalyptiques instrumentalisent Auschwitz pour édifier des théologies
cyniques, elle dessine entre les survivants et les victimes une nouvelle
alliance qui inclut toute l’humanité.
Cet ouvrage a reçu le
prix de la Fondation Auschwitz.
François Rastier a bien
voulu me communiquer à titre personnel certaines de ses propres traductions de
poèmes de Primo Levi. Pour des raisons de droits appartenant à une grande
maison d’édition, il m’est impossible de les publier sur le site.
FT
image ©Le Cerf
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