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Le journal quotidien
est comme une fenêtre
par laquelle nous découvrons
une mer agitée sous un ciel gris
où nous apercevons des navires en détresse
et même des gens qui se noient
mais nous n’avons aucune bouée à jeter
de toute façon ce serait trop loin
la sirène d’alarme ne cesse plus
on est obligé d’élever la voix
pour se faire entendre dans la maison
un paquet de mer vient nous éclabousser
qui nous force à fermes les vitres
quelques phares tournoient sur les digues
mais souvent le brouillard nous les cache
et lorsque la nuit se confirme
avec son surcroît d’angoisses
nous nous empressons de tirer les volets
pour reprendre en paix
la lecture
de notre journal quotidien
[...]
Le journal quotidien
est comme un théâtre
dans lequel les décors sont retournés
[...]
Le journal quotidien
est comme une forêt
où s’éternise un incendie provoqué
par l’étourderie ou la malveillance
[...]
Le journal quotidien
est comme un hôpital
dont les façades sont arrachées
[...]
le journal quotidien
est comme un moniteur
d’un circuit de télévision
qui surveille un parking
d’où les automobiles ne sortent plus
faute d’essence et de mécaniciens
[...]
Michel Butor, L’horticulteur
itinérant, Melville/Léo Scheer 2004, p. 76
Pour des raisons de copyright je ne peux donner le poème en entier, mais il faut savoir qu’il est composé de cinq séquences de vingt vers chacune (comme la première) commençant toute par « Le journal quotidien » et se terminant toutes par « de notre journal quotidien)
Bio-bibliographie de Michel Butor,
D’autres extraits de son œuvre :
extrait
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5,
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