Route
d’une intermittence de brouillards,
tangence du moment, mise au point de la
mar-
che… Palpite l’opacité du ciel qui tantôt se
rapproche et tantôt se retire.
Nous n’avons aucun
droit sur la mouvance. Pourtant il n’y a pas ici
de peur,
seulement nos jambes qui s’effritent.
Faut-il que le moment nous tienne de si
près,
touffeur, boîte, ou prison, ou bien le nœud cou
lant du temps ?… Et
je hurlai que non . Je veux
le moment vaste, informe aussi comme un jour
de
crachin.
Puis
un vieillard discret venu d’on ne sait où se rapproche de moi, un doigt posé
sur mon poignet :
-
Le temps, me dit-il, c’est le cœur…
Longue
portée des mots, longue portée
du cœur ?... J’ai beau savoir aussi que le
cœur ne
dit pas ses clôtures et n’avoue pas de fautes,
j’allais me répétant le
temps : « le temps, me disait-
il, c’est le cœur »… L’oiseau
communicatif des
mots appréhende l’espace, or voici que soudain,
sous sa voûte
certaine, je me suis vue nue à même
la nudité du temps – vieux cœur à cœur
tenace
compris par l’horizon.
Gabrielle
Althen, Hiérarchies, Rougerie 1988, p. 79
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