RIEN N’ETAIT
à Jacques Ancet
Où il y a l'attente, longtemps, et
sans retour, où il y a dire, et puis ne plus pouvoir dire, où il y a écouter et
puis ne plus pouvoir écouter, où il y a regard et puis tenter de regarder
encore, et sans retour. C'est un chant, et malgré la douleur, il n'y a rien
d'orphique, c'est un chant sans retour. Chaque mot creuse, là où il est pour un
instant, là où il est, même dans l'absence.
Rien n'avait changé
mais rien n'était plus comme avant
Jacques Ancet
Ce qu'il n'est plus: que le mot
rien dans le mot absence, que le mot ombre dans le mot corps et l'ombre ne se
retourne pas, elle tourne ou elle avance, voix perdue dans la lumière subite.
Le mot attend son retour, non, le mot attend sans retour. Chaque mot tourne,
absent dans l'absence, sidéré dans le silence. Il est encore une ombre dans le
silence: rien n'était plus, rester sans rien dire, comment, sans qu'il dise
rien ?
Extrait inédit
A paraître dans D’un retrait, deux, Ed. Atelier des
Grames
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