A la suite du colloque
du cipM à Marseille sur le thème Web et poésie, de la présentation que
Pierre Le Pillouër y a fait de son site et de ma rencontre avec lui, je désire
revenir ici plus en détail sur ce site aussi atypique que nécessaire, Sitaudis.
Un œil et une oreille
bien formés
L’histoire de Pierre Le
Pillouër est intéressante pour mieux comprendre son travail, qui est aussi une
sorte de combat. PLP a en effet contribué à TXT*, revue d’avant-garde
franco-belge associant notamment les noms de Christian Prigent, Jean-Pierre
Verheggen, Jacques Demarcq, revue morte en 1989 de lassitude et d’essoufflement.
De 1989 à 2001, la
rivière Le Pillouër passe en cours souterrain et solitaire, mais continue à
être alimentée par des livres, des revues, envois spontanés que Pierre Le
Pillouër ne peut laisser sans réponse,
tout en regrettant que cette réponse, qui est aussi un travail critique, reste
« off », confidentielle. Il ressent le besoin à la fois de donner une
plus large audience à ce travail critique sur la poésie contemporaine, mais
aussi de défendre les textes de jeunes auteurs qui n’auraient sans doute pu être
accueillis que par TXT et en quelque sorte orphelins d’un support pour se faire
connaître.
Affect plus que concept…
Il résume d’une formule
lapidaire (et très porteuse !) en disant que Sitaudis est né d’un affect
plus que d’un concept, notion que l’on retrouve dans la démarche éditoriale du
site. Qui affiche la couleur en donnant la liste des auteurs que l’on ne
trouvera pas sur Sitaudis. Affect plus que concept, car Sitaudis ne se prend
pas au sérieux mais affiche des choix clairs : oser parler de ce que
Pierre Le Pillouër n’aime pas et analyser pourquoi.
Critique et création
sont les deux mamelles de
Sitaudis. Critiques on l’a vu le plus honnête possible, le plus authentique
possible. Pierre le Pillouër cherche et revendique la réaction à chaud, qui
suppose un possible emportement, un excès. Il se dit fâché pour cette raison
(mais pas toujours durablement) avec de nombreux amis après des démolitions en
règle.
Mais partie créative qui
est peut-être le cœur secret de Sitaudis et de Pierre Le Pillouër : il
publie des textes inédits « choisis par le comité de rédaction,
c’est-à-dire moi », souvent proposés par de jeunes auteurs à qui il donne
une première chance (il révèlera par la suite que pas moins de cinq auteurs ont
trouvé un éditeur grâce à Sitaudis). Et il a su aussi susciter la contribution
de quelques belles signatures, notamment celle de Philippe Beck qui publie
chaque samedi un article sur Sitaudis. La partie créative est également la
partie la plus visitée du site.
Force de frappe
Il faut signaler enfin
(avec une pointe de jalousie ?) que le site a su se doter d’une vraie
force de frappe grâce au référencement très poussé mis en place par le jeune
webmaster qui a aidé Pierre Le Pillouër à construire son site. De sorte que
celui-ci, je l’avais remarqué au cours de mes nombreuses recherches sur le web,
arrive souvent dans les premiers cités par G. (compléter), le moteur de
recherche.
Il semble donc que Pierre
Le Pillouër, plus q’un site, réalise avec Sitaudis une revue littéraire au vrai
sens du mot puisqu’il allie création, critique et surtout parti pris !
©florence trocmé
*voir sur remue-net un
entretien avec Christian Prigent qui évoque cette revue
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