Hiver de cancer (extrait)
[...]
Nul corps ne cesse de rêver d’avoir vingt-cinq ans
ou douze, ou dix, alors que le possible est
un long chemin abrité du deuil par des peupliers,
nager dans le fleuve, suivre la sente, pénétrer
par le portail ouvert, trouver la ruche dorée
ruisselante de miel liquide. Risible
fantasme si, entre-temps, d’invisibles
entropies barrent les routes, et si l’on atteint
une ruine, où des arbres frappés de calvitie
s’étiolent au bord d’un fleuve qui s’envase.
Le soleil couchant a affreusement l’air de sang.
L’essaim flottant n’a rien à pardonner.
Ta voix implore l’indifférente nuit :
"Je ne sais pas encore mourir. Laisse-moi vivre. "
Marilyn Hacker, La Rue palimpseste, traduction Claire Malroux, Éditions de la Différence, 2004, p. 51 et 52.
No body
stops dreaming it’s twenty-five,
or twelve, or ten, when what is possible’s
a long road poplars curtain against loss, able
to swim the reiver, hike the culvert, drive
through the open portal, find the gold hive
dripping with liquid sweetness. Risible
fantasy, if, all the while, invisible
entropies block the roads, so you arrive
outside a ruin, where trees bald with blight
wane by a river drained to sluggish mud.
The setting sun looks terribly like blood.
The hovering swarm has nothing to forgive.
Your voice petitions the indifferent night :
”I don’t know how to die yet. Let me live.”
Marilyn Hacker sur Poezibao :
(le premier lien renvoie à une fiche qui contient de nombreux liens, notamment
en anglais)
bio-bibliographie
et photo de Marilyn Hacker,
aux 20
ans du Nouveau Recueil,
une
rencontre avec Marilyn Hacker,
extrait
1, extrait
2, extrait
3, extrait
4, extrait
5,
article
ghazal,
une
intervention sur la sextine,
rencontre
avec Claire Malroux sur la traduction réciproque,
une
traduction de Follain,
Commentaires