Hier soir, rue Charles V
à Paris, très belle lecture bilingue organisée par l’association Double Change
autour du poète américain Jérôme Rothenberg. Yves Di Manno, directeur de la
poésie chez Flammarion, traducteur et notamment de Jérôme Rothenberg, était également
présent.
Yves Di Manno a d’abord lu quelques
extraits de son œuvre poétique propre, avant de donner un duo très réussi avec
le poète américain et que ce dernier
lise à son tour quelques textes non traduits et termine en apothéose avec une
courte lecture-performance qui a provoqué des applaudissement fournis d’une
assemblée nombreuse (je l’estime à plus de cinquante personnes).
Yves Di Manno, né en
1954, est donc poète, essayiste et
traducteur. Il dirige la collection Poésie/Flammarion. Son premier recueil, Célébrations
(Bedou, 1980) a été suivi de plus
d’une dizaine d’autres parmi lesquels, récemment, Un pré – Chemin vers, Flammarion, 2003 et Discipline, Éditions Héloïse d’Ormesson, 2005.
Il est traducteur de
Jérôme Rothenberg dont il a publié notamment les Variations Lorca, chez Belin mais aussi de Robert Duncan, George
Oppen, Ezra Pound (il a dirigé la toute récente édition des Cantos) et William Carlos Williams dont il vient de
sortir, chez Corti, en 2005, une toute nouvelle version de Paterson. Il travaille en ce moment à la traduction de Technicians
of the Sacred de Jérome
Rothenberg. Il publie également des essais sur la poésie du XXe siècle, tel Endquote,
digressions, 1989-1998,
Flammarion, 1999. Il publiie dans de nombreuses revues et en particulier Action
Poétique.
Il a lu des extraits de
deux de ses livres, le premier Kambuja, composé de textes dont il explique qu’ils « ne sont pas de lui mais
prélevés chez d’autres », retravaillés et mis en forme (en fait ici des inscriptions anciennes du Cambodge, remontant au VIIe ou VIIIe siècle). Il s’agit en fait, comme
l’explique bien Emmanuel Laugier sur le site de Le Matricule des anges d’une
« tentative de retranscription, dans le poème d'aujourd'hui, des
puissances rituelles, ou funéraires, ou éthiques, de certaines civilisations
passées ou de tribus ». Premier lien avec Jérôme Rothenberg, on va le
voir.
Puis il prend son dernier
livre paru et lit un texte impressionnant, la 4ème nuit extraite de Discipline, prose très dense, fouillée, incantatoire par
moments qui joue sur les registres du fantastique, de l’érotique, de l’onirique
avec beaucoup de maestria et tout un jeu sur les sons (ce qui le rapproche bien
sûr là encore de Jérome Rothenberg, à l’égard duquel il a souligné sa dette).
Jérôme Rothenberg est une
importante figure de la poésie américaine contemporaine. il est également
essayiste, traducteur et anthologiste. Son premier
livre, White Sun
Black Sun, 1960, ainsi que plus récemment, Poems for the Game of
Silence, New Selected Poems 1970-1985, A Paradise of Poets et A
book of Witness ont tous été publiés par New
Directions.
Jérôme Rothenberg est
aussi très connu pour ses anthologies. C’est ainsi qu’il a compilé de la poésie
tribale et orale d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe et d’Océanie dans Technicians
of the Sacred (que Yves di Manno
est donc en train de traduire en français), de la poésie indienne
traditionnelle dans Shaking the Pumpkin, mais aussi de la poésie expérimentale américaine
d’entre les deux guerres mondiales, Revolution of the world ainsi que A big jewish Book ou en collaboration avec Pierre Joris Poems for
the Millenium.
Jérôme Rothenberg
pratique aussi les performances poétiques (voir le lien indiqué
ci-dessous).
Deux traductions
disponibles en français :
Poèmes pour le jeu du silence, traduction de Didier Pemerle, Jean-Pierre Faye
et Jacques
Roubaud, Bourgois, 1978
Les variations Lorca, traduction Yves Di Manno, Belin, 2000.
Jérôme Rothenberg a commencé par lire des extraits de les
Variations Lorca, introduisant
cette lecture par quelques mots sur Federico Garcia Lorca. Relayé après chaque
texte, admirablement lu (on se souvient alors que Jérôme Rothenberg a
l’habitude de la scène et de la lecture-performance), par Yves Di Manno qui en
donne la version française.
Après cette lecture en
duo, Jérôme Rothenberg reste seul et même si tous les textes lus ne m’ont pas
été complètement intelligibles, j’ai pleinement profité de sa présence très
forte, enjouée, de ses talents de lecteur exceptionnels, de son art de la mise
en scène de la poésie, à partir de rien. Et surtout du finale de la soirée, une
lecture époustouflante toutes en bruits de bouche, onomatopées, hoquets, bribes
de chants….. On peut se faire une très bonne idée de cette lecture performance
en se rendant sur ce
site, voir les Horse songs, texte en anglais)
©florence trocmé
Photos ©florence trocmé, elles sont toutes cliquables pour être agrandies. De haut en bas :
Vincent Broqua de Double Change présente la soirée en compagnie d'Yves Di Manno
Yves Di Manno
Jérôme Rothenberg
Jérôme Rothenberg et Yves Di Manno
Jérôme Rothenberg
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