Il y a de quoi lire dans le dernier numéro d'Action poétique !
Premier point fort de ce
numéro 182, la présentation du poète argentin, qui a pris la nationalité
française, qui a vécu et enseigné en France et qui est à ma connaissance très peu connu ici : Saül
Yurkievich. Il n'est que de regarder les signatures des contributeurs du
dossier que lui consacre Action Poétique (Jean Pierre Faye, Claude Esteban, Marie Etienne pour n'en citer que
quelques-uns) et le nom de ses traducteurs (Roubaud/Delay, Pierre Lartigue ou
Henri Deluy, là aussi pour n'en citer que quelques-uns) pour se dire qu'il doit
y avoir une fois de plus de ce côté-là comme un "trou" éditorial.
Donc grâces à Action Poétique (qui a permis à Poezibao d'introduire Yurkievich
dans l'anthologie permanente et de proposer sa fiche bio-bibliographique).
Savoureux et passionnant
le magnifique portrait (daté de 1964) que John Cage consacre à son ami le peintre Jasper Johns sous le titre histoires
et idées, on ne peut plus
représentatif de la manière de Cage : anecdotes, apartés, implication
personnelle et vues profondes mais surtout avec l'air de ne pas y toucher :
"quand tout autre que lui échoue (et il a pris soin de s'y préparer), il
réalise une œuvre d'art qui n'a rien de plaintive" (41). Oui savoureux et
passionnant.
L'espace dédié à la création propose plusieurs belles signatures,
une suite de Claude Adelen "on fut parfois cette ombre/ planante à
l'aventure sur les hectares/un cerveau de nuages qui passèrent/sur l'écriture,
et fugaces, s'en sont éloignés" (55) et quelques Miettes de Sarah Kéryna.
Bien enlevée, jamais pesante, la
rubrique actualités/chroniques choisit, j'insiste sur le mot, dans le
foisonnement des idées, débats et œuvres en cours, quelques focales. J'ai
notamment beaucoup apprécié l' <a chronique> de Eric Houser et ses trois
temps, note sur Dominique Fourcade dont il montre à quel point l'œuvre est
dérangeante et suscite "une réception embarrassée", puis papier sur
le quatuor Liliane
Giraudon, Michelle Grangaud, Josée Lapeyrère et Anne Portugal qui a réussi
le tour de force (et Houser d'expliquer pourquoi) de publier "de
conserve" un livre à quatre mains et coda sur Boulez.
Oui bien des choses passionnantes
dans ce numéro et on se dit que les bibliothèques publiques devraient s'abonner
à quelques bonne revues littéraires, ce qui leur permettrait d'ouvrir leurs
lecteurs à la création poétique contemporaine.
©florence trocmé
NB : il est aussi question dans ce numéro d'Action poétique du néerlandais Lucebert et je propose pour en savoir un tout petit peu plus sur lieu de faire une petite pause chez Sitaudis
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