"D’abord, parce qu’il y a des textes immenses dans La Nuit remue."
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la suite dans le Tumulte de
François Bon
Sous le phare obsédant
de la peur
Ce n'est encore qu'un petit halo, personne ne le voit, mais lui, il sait que de là viendra l'incendie, un incendie immense va venir, et lui, en plein cœur de ça, il faudra qu'il se débrouille, qu'il continue à vivre comme auparavant (Comment ça va-t-il ? Ça va et vous-même ?), ravagé par le feu consciencieux et dévorateur.
*
Il est devant un tigre immobile. Il n'est pas pressé. Il a tout son temps. Il a ici son affaire. Il est inébranlable.
*
…et la peur n'excepte personne.
Quand un poisson des grandes profondeurs, devenu fou, nage
anxieusement vers les poissons de sa famille à six cents mètres de fond, les
heurte, les éveille, les aborde l'un après l'autre :
"Tu n'entends pas de l'eau qui coule, toi ?"
"Et ici on n'entend rien ?"
"Vous n'entendez pas quelque chose qui fait “tche’’, non plus doux :
“tchii, tchii”?"
"Faites attention, ne remuez pas, on va l'entendre de nouveau"
Oh Peur, Maître atroce !
Le loup a peur du violon. L'éléphant a peur des souris, des porcs, des pétards.
Et l'agouti tremble en dormant.
Henri Michaux, La nuit remue, in Œuvres Complètes, I, bibliothèque de la Pléiade, p. 444
Henri Michaux dans Poezibao :
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Rédigé par : FB | samedi 03 décembre 2005 à 12h48