Dédicace
Je ne vous écris pas de lettres,
mais il me serait facile de mourir avec vous.
Doucement, nous nous laisserions glisser
le long des lunes, une première halte
auprès des cœurs de laine, puis
une autre parmi les loups, les framboisiers
et ce feu que rien n'apaise ; à la troisième,
j'aurais traversé les fines mousses
des nuages raréfiés,
passé sans effort le pauvre fourmillement
des étoiles, pour arriver
dans votre ciel, tout près de vous.
WIDMUNG
Ich schreibe euch
keine Briefe,
aber es wäre mir leicht, mit euch zu sterben.
Wir liessen uns sacht die Monde hinunter
und läge die erste Rast noch
bei den wollenen Herzen, die zweite
fände uns schon mit Wölfen und Himbeergrün
und dem nichts
lindernden Feuer, die dritte,
da wär ich durch das fallende dünne Gewölk
mit seinen spärlichen Moosen
und das arme Gewimmel der Sterne,
das wir so leicht überrschritten,
in eurem Himmel bei euch.
Ilse Aichinger, Le jour aux trousses, poésies complètes
traduites de l'allemand et présentées par Rose-Marie François, Orphée/La
Différence, 1992, pages 32 et 33
Matin d'hiver
Avant que ne rouille et se casse
la descente des rêves,
laissez-y glisser les bien-aimés,
grands et petits en manteaux gris,
regardez, la piste claire, la glace.
Winterfrüh
Eh die Traüme
rosten und brechen
lass die Geliebten drauf hinunterfahren,
die Grossen und die Kleinen
in den grauen
Mänteln,
schaut her, die helle Bahn, das Eis.
Ilse Aichinger, Le jour aux trousses, poésies complètes traduites de l'allemand et présentées par Rose-Marie François, Orphée/La Différence, 1992, pages 54 et 55
Rédigé par : Lheurebleue | mercredi 07 décembre 2005 à 16h00