A la suite de la
publication d'un
premier poème de Maïakovski dans Poezibao , l'éditeur Le Temps des Cerises a porté à ma connaissance une publication
qui m'avait échappé et que je vais ajouter bien entendu à la bibliographie. Et
mieux encore, cet éditeur a eu la gentillesse de m'envoyer le livre que voici, Écoutez
si on allume les étoiles, poésies
choisies et traduites du russe par Simone Pirez et Francis Combes.
Ce livre est intéressant
à double titre, par ses traductions bien sûr d'un choix de textes qui portent
sur l'ensemble de la vie et de l'œuvre de Vladimir Maïakovski (1893-1930) mais
aussi par son iconographie : nombreux portraits du poète, aussi bien en beau
ténébreux qu'en dandy ou en mauvais garçon mais aussi des reproductions de magnifiques collages de Rodtchenko.
Un extrait de Verlaine
et Cézanne
C'est alors
que de nous
s'approche
Paul Cézanne :
"Je vais vous peindre
-comme ça
Verlaine".
Et il peint.
Je regarde
comme la peinture est fraîche.
- Monsieur
excusez-moi,
chez nous
pour les vieux
votre nom
était
comme un coup de bride sous la queue.
Tantôt
une saison
notre dieu d'était Van Gogh
et une autre fois
c'était Cézanne.
Maintenant
on a laissé
tomber l'art.
On n'aime plus les couleurs
mais les grades.
Des oisillons
encore du lait
aux lèvres
mais déjà prêts
au garde-à-vous.
Ont adopté un nom énorme :
A.A.R*.
Mais ne font
que passer la main
sur l'épaule des dirigeants.
Ne feraient pas
par exemple
mon portrait.
Ils n'useraient pas
leurs pinceaux
pour rien.
En matière de tête
ils préfèrent
un peu plus près
du Comité central.
Cézanne
a suspendu son trait
et, touché,
s'est répandu en remerciements.
Paris
violet
Paris d'aniline
se levait
derrière les vitres
de la Rotonde.
Vladimir Maïakovski, Écoutez
si on allume les étoiles, Le
Temps des Cerises, 2005, p. 126
Lire aussi sur les
problèmes de traduction, le
commentaire d'Alain Marc
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