Je choisis en effet, pour cette millième note de Poezibao et avec
son accord, un très beau texte sur l'écriture de Jacques Ancet, publié dans Chutes, le premier cahier, 1978-1985, aux éditions
Alidades, en 2005.
Écrire, c'est entrer en
contact avec quelque chose de très lointain. A partir du moment où le moi ne
commande plus, où la pensée consciente n'est plus seule à diriger l'écriture,
le langage semble libérer une énergie qui doit être à la fois celle de sa
matière même, une matière chargée de siècles de culture et d'histoire, et celle
du corps, donc de l'inconscient qui, soudain, prend la parole. Vous touchez
alors à quelque chose qui, tout en étant le présent même, est chargé d'un passé
immémorial, comme la crête d'une lame de fond. Vous ne dominez plus votre
langage, comme on dit, c'est lui qui vous domine. Toute distance s'évanouit.
Or, plus vous entrez dans le langage, plus vous vous tenez au plus près de lui,
plus il s'ouvre, plus il se creuse d'une profondeur infinie. Et c'est elle qui
s'entend à travers votre voix.
(p. 24)
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