La poète argentine
Alejandra Pizarnik (dont le prénom de naissance était Flora) est née le 29
avril 1936, à Buenos Aires où ses parents d’origine russe étaient arrivés dans
les années trente, fuyant l’antisémitisme. Elle perd son père très tôt et sa
mère sombre alors dans une grave dépression. Elle commence à publier ses poèmes
dès l’âge de 20 ans ; elle fait des études de lettres et de peinture et
s’installe en 1960 à Paris se liant avec André Pieyre de Mandiargues, Octavio
Paz, Julio Cortazar. Elle travaille comme correctrice d’épreuves, traduit
Hölderlin, Artaud, Michaux, Aimé Césaire et Yves Bonnefoy. Elle rentre en
Argentine en 1964 en raison de la dépression de sa mère. En 1969 une bourse de
la fondation Guggenheim lui permet de séjourner aux États-Unis et d’écrire un
essai sur Erzebeth Bàthory. Elle se donne la mort le 25 septembre 1972, à l’âge
de 36 ans. Elle avait noté dans son Journal, en 1962 « Ne pas oublier de
me suicider »
C’est Silvia Baron Supervielle qui la fit connaître en France en publiant en
1986, grâce à François-Xavier Jaujard, Les Travaux et les Nuits aux
Éditions Granit. Elle donne aujourd’hui (fin 2005) une nouvelle édition de l’œuvre
poétique reprenant intégralement
cette première publication (Arbre de Diane, 1962, Les Travaux et les nuits, 1965, Extraction de la pierre de folie, 1969, L’Enfer musical, 1971, des extraits de Textes de l’ombre et
dernières poèmes, 1982 - recueil
comportant des textes publiés dans diverses revues depuis 1963 et des poèmes de
la fin de sa vie inédits -) et complétée par des inédits comme La
Dernière Innocence de 1956.
Celle qui ébauchait ses poèmes à la craie sur une ardoise, dans sa chambre, retint l’attention de
François-Xavier Jaujard, Silvia Baron Supervielle sa principale traductrice,
mais aussi Octavio Paz, Alberto Manguel, Claude Couffon et Jacques Ancet.
Extrait d’un court texte de Jacques Ancet : « Il y a d’abord une blessure
– la naissance : la perte de plénitude. De cette blessure nous saurons peu de
choses – c’est le centre, le jardin, l’autre rive – sauf qu’elle ne cesse d’aimanter
la poésie d’Alejandra Pizarnik [...] La naissance pour elle est une mort – « un acte
lugubre ». Expérience qui marque l’existence d’un signe foncièrement négatif.
Vivre c’est vivre l’absence, le vide : « Soigne-moi du vide », dit-elle.
Et autre extrait, d’un portrait
d’Alejandra par Alberto Manguel, dans la très belle postface qu’il donne à la
nouvelle édition de l’œuvre poétique chez Actes Sud (2005) : « Elle
habitait un appartement minuscule au cœur de Buenos-Aires. Elle avait fait un
voyage à Paris (voyage qui allait nourrir son imagination longtemps après son
retour et au cours duquel elle rencontre Julio Cortazar et André Pieyre de
Mandiargues, deux figures-clés dans sa vie) et par la suite elle ne sortit
quasiment plus de l’espace clos de ses quatre murs, où elle écrivait, dormait
(mal) et recevait ses amis. Près de son bureau, elle avait épinglé une phrase
d’Artaud : «Il
fallait d’abord avoir envie de vivre » [...] Au cours de sa brève existence, Alejandra
publia huit petits recueils qui lui valent aujourd’hui une place fondamentale
dans la poésie de langue espagnole. Ses prédécesseurs étaient les poètes
arabo-andalous du Moyen Age, ainsi que Quevedo, saint Jean de la Croix et sœur
Juana, auxquels vinrent ensuite s’ajouter ses lectures de Rimbaud, d’Yves
Bonnefoy et des surréalistes français
bibliographie
en espagnol :
La tierra más ajena, 1955
La última inocencia, 1956
Las aventuras perdidas, 1958
Los trabajos y las noches,
1965
Extracción de la piedra de locura, 1968
Nombres y figuras, 1969
El infierno musical, 1971
Los pequeños cantos, 1971
La condesa sangrienta, 1971
Zona prohibida, poemas, 1982
En français :
À propos de la comtesse sanglante, traduction Jacques Ancet, Éditions Unes, 1999
L’Enfer musical, Éditions
Payot, « Petite collection poétique », 1975.
Où l’avide environne, poésie,
traduction de Fernand Verhesen, Éditions Le Cormier, 1974
Poèmes, anthologie, édition
bilingue, textes choisis, présentés et traduits de l’espagnol par Claude
Couffon, Centre culturel argentin, « Nadir » n° 8, 1983
L'autre rive, traduction de
Jacques Ancet, Éditions Unes, 1983
traduit par Jacques Ancet Les
Travaux et les nuits. Œuvres
poétiques 1956-1972, préface d’Octavio Paz, traduit de l’espagnol par Silvia
Baron Supervielle et Claude Couffon, Éditions Granit, 1986
Œuvre Poétique, traduction de
Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon, préface de Silvia Baron
Supervielle, postface d'Alberto Manguel, Actes Sud, 2005.
La richesse des liens concernant Alejandra Pizarnik sur le web de langue
espagnole est saisissante.
En français :
sur le site de la libraire
Compagnie, avec une bonne bibliographie en français
Une très
belle page sur le site Terres de Femmes
En espagnol :
Une page en espagnol
Une chronologie
très détaillée (en espagnol) avec nombreuses photos
Une belle collection de poèmes
(en espagnol) et une autre
et une
autre encore
Une très belle photo
d'Alejandra et une sélection de poèmes (en espagnol)
Une autre très
belle photo et une biografia poetica
très détaillée pour les lecteurs de l'espagnol
fiche ©florence trocmé
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