Les fossoyeurs de ce qui
ne peut être ni
saisi ni pesé, mais qui attend pourtant der-
rière la moindre porte, ces croque-morts-là
sont à l'œuvre. Ils crèvent même de nous res-
sembler – que nous ayons enfin leur regard
torve, de médiocres. nous serons clairs.
Nous le permet tout ce que nous possédons :
nos pierres nues, qui ne font que dormir et
rêver. Et guider. Nous passerons le sel,
toujours.
(95)
La cime et le fond ne
diffèrent. Sauvés,
perdus et le contraire, nous resterons les
égarés. Ce qui n'a pas encore de nom
viendra. Amande offerte, promesse devenue
vivante. Plus tard, quelquefois, le partage.
(99)
J'aurai vu. J'aurai
saisi, à force, les trois
cercles : le commun, le propre et celui de
l'arcane. J'aurai su le désir et le vide. Parfois,
trop proche de comprendre, j'aurai baisé les
lèvres de l'abîme. Quelques chances m'auront
sauvé. Il me faudra beaucoup d'esprit, à la
dernière passe, pour rire de l'infime chemin
parcouru.
(100)
extraits de Par les
trous du manteau de l'apparence
(Hauteville House, Guernesey)
Franck André Jamme, La
Récitation de l'oubli, Flammarion
2004
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