[...] je couche par écrit
couchée abattue, à la mienne je veux dire : à la main l'écriture,
une monstruosité méandreuse qui s'engloutit elle-même, je ne peux plus me
rappeler m'atteler, ma main je ne peux plus lui faire
confiance, elle qui apparemment cache quelque chose, ne tient pas
compte, que sais-je, exige trop de moi, en dehors de toute reconnaissance
mutuelle, par exemple : j'ai le sentiment que ma main est dans ma
tête ainsi de suite… surtout ne pas se découvrir, je crois, pour moi, pour ma
main
droite pas de mise à nu, alors j'écris comme
une écolière, comme j'écrivais lorsque j'étais à l'école, me dépasse moi-même,
rac-
courcis, écourte le chemin, en sténo privée, il me manque
un corset de main, un prompt
poinçon à marbre ou quoi, même
un agneau innocent
pourrait me mener, démener, surveiller mon
déficit et mon sommeil,
en même temps mes
glandes sont activées, je pourrais
enlacer le monde, je voudrais attenter à l'idiotie (la mienne),
[...]
Friederike Mayröcker,
extrait de Ou la douceur de rêves inventés, in Métaux voisins, traduction
Jean-René Lassalle, Atelier de l'Agneau, 2003.
Friederike
Mayröcler dans Poezibao :
Fiche
bio-bibliographique
extrait 1, extrait 2,
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