VI
Chut. Les morts nous
regardent de leurs yeux noirs et blancs. Ils rôdent
Comme des vagabonds, comme la lune.
Allume toutes les lumières, débouche le meilleur vin,
Peut-être, petit démon, partiront-ils avec le brouillard.
Dans un cimetière, je me suis promené à bicyclette. J'ai cueilli des asters
Et j'ai pensé à toi. Le ciel était bleu, la terre déjà d' automne. Dans un
Vieux cimetière, et derrière la grille, les gens remettaient leurs
Chapeaux.
XVIII
L'orage qui nous a accompagné comme un tapis lumineux n'a
pris fin
Qu'au-dessus du Hudson. Je me souviens du matin blanc qui nous ouvrit
Les yeux et de l'avenue au rugissement de fauve. Des mendiants avaient le
Plan de la ville tracé sur leurs paumes. Que voulait l'Indien qui brandissait
Un parapluie dans la foule ? Partis à la recherche de livres – chers Olson,
Zuckovsky, Merril – nous nous sommes retrouvés au café Roma
avec ses
Serveuses rébarbatives e ses petits fours multicolores. Le dieu de Soho
Vendait des articles de sport tandis que ses prophètes répandaient la bonne
Parole de l'électronique coréenne sur la Quatorzième rue. Dans le gâteau au
fromage de Lindy's, un billet anonyme disait : "Chacun a un morceau de
Miroir et croit le posséder tout entier."
Emmanuel Moses, L'année du Dragon, in Les Bâtiments de la Compagnie Asiatique, Obsidiane, 1993, p. 14 et 26.
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