qui se détache avec son ombre
sur le mur des villes, sur le ciel
debout sur terre
face aux autres
et côte à côte avec sa clarté propre
Et qui peut dire j'ai trouvé
puisqu'il s'est trouvé et qu'il
a trouvé l'autre son semblable et que de là où je suis
je peux regarder sans vertige
solidement campée dans mon corps
le corps le cœur l'esprit conjoints sans fracture
ni déchirement interne
Il y a deux bonheurs
un bonheur n'est pas tout le bonheur
car ils ne s'additionnent pas ils ne s'annulent pas
c'est celui d'être et de pouvoir se dire
le secret quand il est imposé
fait de nous des êtres rampants
le secret imposé ne peut être l'enveloppe de l'intimité
sans la pourrir privée du soleil et du rire
qui s'entend de loin
Geneviève Pastre, Vis-à-vis, p. 38
Je ne cherchais pas le tiers lieu universel, mais je le
trouvai un jeudi de janvier, inédit et clair. Les arbres et leur ombre
ensoleillée brassent un accord qui permet d'inventer d'autres passions
primitives que celles qui regardent les abris du savoir. Changer de figures,
bien des fois, pour émerger de la longue vibration blanche.
Les rouges, les carmins et les jaunes éclatants racontent des fragments qui
vivent dans leur doute. Aucun chemin balisé, mais une silhouette fragile passe,
sans préciser le sens des mots malgré la proximité d'une promesse de bonheur.
Geneviève Pastre, Invia, p. 60
Il y a une complaisance morbide à prendre l'attitude de
déconstruction pure, et c'est même le signe d'un ego considérable. Sachons
vivre en phase avec nous-mêmes sans nous contraindre à nous amputer tristement,
cyniquement ou allègrement de ces surgeons. Allions Rabelais et Montaigne, et
que notre lucidité ne nous jette pas à un quasi-suicide intellectuel, mental et artistique. Que la
dénomination soit un art, une inspiration, une expiration, et pas seulement la
manie orgueilleuse du classement, de l'ordonnancement qui sont le fait des
sociétés sclérosées ou totalitaires, ou du moins celui des institutions créées
par ceux qui ne veulent pas voir leur métamorphose en cours, et la nécessité
d'une renaissance.
Geneviève Pastre, L'État poétique, p. 112.
Ces trois textes sont extraits de trois recueils publiés dans un même livre, Vis-à-Vis et Invia, suivi de l'État Poétique, Éditions Geneviève Pastre, 2005.
Geneviève Pastre dans Poezibao
:
Fiche
bio-bibliographique,
extrait
1, extrait
2,
fiche
de lecture de Vis-à-vis, Invia et l'État
poétique
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