ce pays d’étangs
plein d’inquiétude
et qui se savent vieux
avez-vous vu la vieillesse des étangs ?
ce pays où les jeunes sapins trébuchent
qui n’ont plus qu’une fine couche d’humus
au-dessus de la craie
ce pays de jeunes sapins
qui crient comme les enfants dans la cour de l’école
que leurs paroles sont vivantes
ce pays de jeunes sapins et de jeunes enfants
aveugles sourds paralysés
parce qu’ils n’ont plus d’idées
ce pays de petits bois angoissés
qui ne voient plus un écureuil
ces petits bois dont les jeunes sapins sont vieux
ce pays où les êtres sont inquiets d’être
tout se continuait naguère par le chant
ce pays maintenant manque autant d’hommes
que de rossignols
les horloges prolifèrent
la mort est l’amie des agneaux
dans ce pays il n’y a plus de sources
les hommes les ont captées.
Pierre Garnier, Viola Tricolor, Poèmes, Éd. En Forêt /
Verlag Im Wald, 2004, p.24
Rédigé par : lheurebleue | mercredi 11 janvier 2006 à 09h24