Ceux qui….
Celui qui sourit garde son calme dans l'angoisse et dont la voix ne tremble pas pour que cet autre ne pleure pas et ne cède pas à la détresse.
Celui qui au tard de la nuit dangereuse laisse la clef sur la porte afin que celui qui s'est attardé trouve la maison ouverte.
Celui qui avec un soin extrême et beaucoup de temps peint de lapis et saupoudre de grains d'or l'intérieur d'un placard qu'on n'ouvrira jamais.
Pierre Bonnard qu'un gardien surprend dans un musée en train de retoucher la minuscule tache de vert d'une feuille d'arbre d'un tableau de sa jeunesse.
Celui qui triche aux cartes et s'applique à perdre à la perfection afin que le petit garçon croie qu'il a gagné seul et rie aux éclats.
Graham Greene qui donnait de l'argent à un producteur de cinéma en lui demandant de faire semblant d'acheter les droits du roman d'un écrivain pauvre et malade.
Celui qui ment si bien à l'homme qui va mourir que celui-ci reprend espoir et meurt sans s'en apercevoir.
Celui qui dit si bien la vérité à l'homme qui va mourir que celui-ci s'en va les yeux ouverts et réconcilié.
(Hôpital Marie Lannelongue, 7 juin 1983)
Claude Roy, A la lisière du temps, suivi de Le voyage d'automne, préface d'Octavio Paz, Poésie/Gallimard 1990 (n°239). p. 112
Claude Roy dans Poezibao :
Bio-bibliographie
extrait 1, extrait 2,
Celui qui sourit garde son calme dans l'angoisse et dont la voix ne tremble pas pour que cet autre ne pleure pas et ne cède pas à la détresse.
Celui qui au tard de la nuit dangereuse laisse la clef sur la porte afin que celui qui s'est attardé trouve la maison ouverte.
Celui qui avec un soin extrême et beaucoup de temps peint de lapis et saupoudre de grains d'or l'intérieur d'un placard qu'on n'ouvrira jamais.
Pierre Bonnard qu'un gardien surprend dans un musée en train de retoucher la minuscule tache de vert d'une feuille d'arbre d'un tableau de sa jeunesse.
Celui qui triche aux cartes et s'applique à perdre à la perfection afin que le petit garçon croie qu'il a gagné seul et rie aux éclats.
Graham Greene qui donnait de l'argent à un producteur de cinéma en lui demandant de faire semblant d'acheter les droits du roman d'un écrivain pauvre et malade.
Celui qui ment si bien à l'homme qui va mourir que celui-ci reprend espoir et meurt sans s'en apercevoir.
Celui qui dit si bien la vérité à l'homme qui va mourir que celui-ci s'en va les yeux ouverts et réconcilié.
(Hôpital Marie Lannelongue, 7 juin 1983)
Claude Roy, A la lisière du temps, suivi de Le voyage d'automne, préface d'Octavio Paz, Poésie/Gallimard 1990 (n°239). p. 112
Claude Roy dans Poezibao :
Bio-bibliographie
extrait 1, extrait 2,
Rédigé par : benjamin | mardi 23 janvier 2007 à 18h05
Rédigé par : dorio | samedi 18 février 2006 à 12h26
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