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jeudi 23 février 2006

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texte inspiré par le contact "physique", magique, avec les Souffleurs: Le marché aux Rossignols Saint-Sulpice, à ses heures estivales, nous la joue à sa manière Très sixième arrondissement "jardins du presbytère" avant vêpres Sur Canicule. Alors que le parvis, bruissant de musique et de poésie, Et des mille et un discours de la cité sur scène ouverte, S'anime et s'enfle aux rythmes et piétinements trépidants de liesse, De la toute dernière édition de la fête des fous. Nous savons, en somme et en substance, que la poésie, De bon aloi ou pas, Se compose et s'écrit, c'est dit: ceci dans un premier temps. Puis celà se lit, se dit, se déclame et se chante; ça se gueule à l'occasion. Mais sait-on bien que celà se chuchote ? Savez-vous que celà se susurre, se messe-basse et s'insinue, En catimini, à midi comme à minuit ? Personnel, secret, et confidentiel! Si ça accroche, si ça passe entre souffleur et soufflé, c'est gagné! Même si souffler n'est pas jouer, puisque c'est très sérieux, Et très privé en aparté. Si j'ai mis un tigre dans mon moteur Et le pourquoi de l'enfant dans ma prunelle insatiable, Mon souffleur a mis de la tendresse dans sa voix, Un bémol à son souffle et du miel à mon oreille. Souffleur de vent, souffleur de vers, Souffleur de mots, à demi-mot, Souffleur d'ailleurs, par coeur, quand la Confrèrie des Souffleries Se spécialise secrètement et en toute confidentialité Dans le droit très spécial d'ingèrence poètique. Ainsi, pénitents du verbe haut, conspirateurs de la locution, Gardiens des secrets des patrimoines à murmurer, Les Rossignols du Marché et leurs maîtres Souffleurs, N'ont donc qu'à bien se tenir Sur les parvis populeux des cathédrales Et les forums des quatre saisons, toutes voix dehors Comme à tous les boulevards de la parole ou aux carrefours encombrés Des affaires de ce monde, Et dans tous les lieux où s'articule, s'improvise et se géomètrise L'étrange et mystèrieux ballet des tendres funambules du verbe, Affublés de leurs drôles d'oiseaux noirs. Bernard CHOCHEPRAT, les 20 et 21 juin 2003, Marché de la Poésie Nota-bene: ROSSIGNOL: 1): Oiseau passereau de petite taille, au chant très varié et très harmonieux. 2): instrument pour crocheter les portes 3): Livre invendu, sans valeur (qui reste perché sur les plus hauts casiers comme le rossignol dans l'arbre). Objet démodé, marchandise invendable. 4): Cannes creuses, tubes servant à chuchoter des secrets poétiques et philosophiques aux oreilles initièes et disponibles. Mal embouchés s'abstenir. ( 1,2,3: cf Le Petit Robert à "rossignol")

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