Cet appel est celui d'un poète qui veut aimer les cœurs qui ont bien voulu lui
faire l'honneur de l'écouter et de l'entendre, et qui veut par toutes les
projections de son souffle leur donner lieu de respirer dans ce monde
d'asphyxiés
Antonin Artaud, lettre à Henri Thomas, le 13 mars 1946
Dernier recueil de textes composé par Antonin Artaud peu avant sa mort, Suppôts
et suppliciations rassemble des éléments apparemment disparates :
des poètes, des récits de rêves, un essai sur Lautréamont, un commentaire de
dessin et des lettres. Mais il faut renoncer à chercher dans ce recueil une
unité, il est plutôt un drame, la dramaturgie d'un cri de douleur et de révolte
qu'Artaud met une dernière fois en scène dans ces pages.
Suppôts et Suppliciations est paru pour la première fois en 1978 dans les
œuvres complètes d'Artaud (tome XIV), chez Gallimard. Le texte a été révisé en
2004 dans Quarto et l'est à nouveau pour ce Poésie/Gallimard qui paraît
aujourd'hui, dans une édition présentée, établie et annotée par Evelyne
Grossman. C'est le n° 416 de la collection Poésie/Gallimard.
(extrait du communiqué de presse des Éditions Gallimard)
Extrait :
"Ce livre est composé de trois parties :
Fragmentations,
Lettres,
Interjections.
La première constitue une espèce de révision haletante de la culture, une
abracadabrante chevauchée du corps à travers tous les totems d'une culture
ruinée avant d'avoir pris corps.
Dans la seconde, le corps souffrant qui entreprit cette chevauchée se découvre
:
et on voit bien qu'il s'agit d'un homme qui est un homme et non un esprit.
Dans la troisième, il n'est plus question :
de culture
ni de vie,
mais de cette espèce d'enfer incréé où le corps de l'homme suffoque avant de
commencer à respirer
et qui se tient aussi bien à la lisière du sentiment que de la pensée
Et j'ai fini par y apprendre qu'il n'y a ni conscience ni pensée"
Antonin Artaud, Suppôts et Suppliciations, Poésie/Gallimard n° 416,
2006, p. 25
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