En ce 8 mars, journée des
femmes, je rappelle que Poezibao s'est engagé très résolument en faveur des femmes poètes qui demeurent
scandaleusement absentes, la plupart du temps, du devant de la scène même si,
beaucoup s'accordent à le dire, les choses commencent à changer, avec vingt ou
trente ans de retard sur plusieurs pays étrangers qui ont su, eux, depuis ce
temps leur donner toute leur place.
Scandaleusement absentes
? Sait-on par exemple que l'anthologie sur la ville publiée en poésie/Gallimard
à l'occasion de ce Printemps des poètes compte 45 poètes et pas UNE SEULE femme
! ?
Poezibao qui alterne systématiquement un jour un poète homme, un jour une poète
femme.
Je veux aussi saluer ici
toutes mes amies poètes et écrivains femmes qui m'inspirent et m'accompagnent
dans ce travail et en particulier : Marilyn Hacker, Gabrielle Althen, Marie-Claire Bancquart, Margo
Berdeshevsky, Sabine Bourgois (Une autre que moi, K Éditions, 2004), Angèle
Paoli, Sylvie Fabre G., Anne Talvaz, Florence Pazzottu, Geneviève Pastre
(vous pouvez les retrouver sur Poezibao en cherchant par l'index, colonne de gauche sur la page d'accueil) et toutes celles que je ne cite pas ici, mais dont les oeuvres m'accompagnent, me portent et avec lesquelles je dialogue.
Poezibao qui réalise actuellement une grande enquête (50 poètes femmes et hommes
consultés) sur le statut de la femme en poésie : synthèse et résultats dans une
quinzaine de jours !
J'ai choisi aujourd'hui
un poème de Geneviève Pastre (qui vient d'ouvrir un blog), elle qui dit dans ce
texte "mon projet grandit au fur et à mesure que je m'en approche".
Et je remercie du fond du cœur Angèle Paoli et sa revue Terres de Femmes qui
consacrent aujourd'hui un portrait
à "Mme Poezibao" !
Ne faîtes pas une seule chose à la fois
Le soleil n'entre-t-il pas par deux côtés en même temps
Et la lumière ne revient-elle pas du fond du miroir
comme du fond d'un tableau flamand ?
Ses rayons laissent de douces traces sur les murs
et je bondis et je m'élance
comme l'oiseau dont je vois l'ombre
quand il traverse la rue soudain
car il ne peut s'arrêter en plein vol il ne pourrait que tomber
glisser dans l'air c'est marcher sur les eaux
et mon projet grandit au fur et à mesure que je m'en approche
il s'élève et m'entraîne dans ses multiples facettes
ses reliefs complexes, ses trois et quatre dimensions;,
ses multiples visages
comme un canyon dans lequel on progresse pas à pas ou par larges avancées
continues dans les éclairs du soleil traversés d'ombres rapides et il faut
mettre la main devant les yeux parce qu'on est ébloui et que les contrastes
sont de plus en plus vifs et insupportables pour le regard humain.
Parfois la douleur
m'arrête
mais la tache de lumière
d'un corps change, s'épaissit, et m'encourage à prendre appui sur elle ;
Cette modification constante
m'invite à me déplacer moi aussi
Toi aussi traverse
intensément le connu
Geneviève Pastre, Vis-à-Vis et Invia, suivi de l'État poétique, Éditions Geneviève Pastre, 2005, p. 11.
Rédigé par : Pierre Kobel | mercredi 08 mars 2006 à 19h11