Les chuchotements et la caresse
Ni
les abîmes de la caresse, ni son abandon, ni ses à-côtés périlleux, ni
l'affolement de la main ou de la langue devant l'anonymat de la vague qui
emporte loin le corps caressé, ni l'après, ni l'avant de la caresse, ni l'aveu
de ses tâtonnements, ni l'aveuglement soudain de l'âme cajolée par ses reflets,
ni les battements clignotants du cœur que la caresse aspire, ni le besoin de la
caresse, ni sa bêtise, ni son bleu de houille qui se pose, tel une carapace,
sur des muscles froissés, ni sa bordure, ni son bout, ni sa chute dans le roux
de septembre, ni ce somptueux cimetière des caresses sur lequel les mots parfois
s'attendrissent, ni le cinéma bruyant de ses artifices,
ni le comment de la caresse, si ses complots, ni sa cruauté, ni son
démantèlement, ni les deuils entassés dans ses replis, ni les démentis de la
caresse, ni sa douceur, ni ses effets à long terme, ni l'éloignement de la main
ou de la langue, sournoisement attirée ailleurs, ni l'entêtement de la caresse,
ni l'étincelle qu'elle aura fait jaillir, ni le brusque étouffement du corps
quitté, ni les exigences de la caresse, ni sa faillite, ni sa féminité, ni ses
flottements, ni son galop, ni le goût cuivré de son amertume, ni son guet-apens
où se prend la chair vulnérable, ni son habileté, ni ses haltes, ni sa hâte, ni
son huis clos intime, ni l'inconvenance de sa maîtrise,
[...] [Lire un extrait plus large de ce poème et l'écouter lu par Denise
Desautels ici]
Denise Desautels, Mémoires parallèles,
choix de poèmes, Éditions du Noroît, 2004, p. 163.
(Ce texte publié dans Cimetières: la rage muette,
Éditions Dazibao, 1995 a été en effet repris dans le recueil anthologique Mémoires
parallèles)
Bio-bibliographie
de Denise Desautels
Commentaires