À AKHMATOVA
O muse des pleurs, la plus belle des muses !
Complice égarée de la nuit blanche où tu nais !
Tu fais passer sur la Russie ta sombre tourmente
Et ta plainte aiguë nous perce comme un trait.
Nous nous écartons en gémissant et ce Ah!
Par mille bouches te prête serment, Anna
Akhmatova ! Ton nom qui n'est qu'un long soupir
Tombe en cet immense abîme que rien ne nomme.
A fouler la terre que tu foules, à marcher
sous le même ciel, nous portons une couronne !
Et celui que tu blesses à mort dans ta course
Se couche immortel sur son lit de mort.
Ma ville résonne, les coupoles scintillent,
Un aveugle errant passe en louant le Sauveur...
Et moi je t'offre ma ville où les
cloches sonnent,
Akhmatova, et je te donne aussi mon coeur.
Moscou, 19 juin 1916
Poème de Marina Tsvétaïeva traduit par Sophie Técoutoff in La Nouvelle Revue française, n° 268, avril 1975 et cité in
Véronique Lossky, Marina Tsvéatéva, Seghers 1990, collection
Poètes d'Aujourd'hui, p. 123.
Marina Tsétaïeva dans Poezibao :
Bio-bibliographie
de Marina Tsvétaïeva,
concert-lecture
(05),
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