centre international de
poésie Marseille
Lecture / Rencontre avec Dominique Fourcade
Le vendredi 12 mai, à 19h
Dominique Fourcade est né à Paris, en 1938, et y réside à ce jour. Il est
l’auteur d’un grand nombre d’ouvrage de poésie, et de plusieurs études sur
Henri Matisse. Son travail fait l’objet du dossier de notre revue critique :
CCP 11 qui vient de paraître
Frédéric Valabrègue : Malheureusement, je n’ai pas entendu la lecture à
Beaubourg d’éponges modèle 2003. J’ai
été frappé, il y a vingt ans de cela, par la lecture que vous aviez faite à
Toulon de Rose-déclic. La manière dont
la voix portait le texte lui donnait une autre dimension, plane, presque atone
ou robotique. Comment ou en fonction de quoi travaillez-vous ces choix ?
Dominique Fourcade : Les lectures que je fais à haute voix de mes textes en
public sont d’une grande importance pour moi. Ça a effectivement commencé avec Rose-déclic, lire ce livre en public a été une expérience
absolument imprévue : j’ai compris que la lecture était (ou du moins pouvait
être, car il n’y a rien d’assuré) une occasion d’être dans la poésie d’une
façon dont je n’avais aucune idée jusqu’alors, et aussi de réaliser mon livre
d’une façon dont je n’avais nulle idée non plus. J’écris des sons, je ne le
dirai jamais assez. J’écris à voix basse des sons – ou plutôt j’écris sans voix
des sons. Lire le texte à haute voix – mais pourquoi dire à haute voix ? il
faudrait plutôt dire quelque chose comme : à voix du texte, qui en l’occurrence
reste à trouver – lire la voix du texte en public est donc l’occasion de
plusieurs événements : trouver cette voix (ce qui revient à dire : trouver le
texte), et l’inventant simultanément disparaître en tant qu’auteur, en tant que
dérisoire personne (dont la propre voix s’annule) ; et encore être témoin
direct du contact entre le texte et un public, ce qui n’est pas rien (car nous
ne voyons d’habitude jamais personne nous lire). Mais la grande découverte, la
grande chose inattendue (et le grand risque, car ça peut tout aussi bien ne pas
se produire) c’est qu’il y a un texte. C’est à ne pas croire.
Je ne saurais dire que c’est un choix, ni que je travaille à m’absenter, bien
qu’il faille atteindre à l’absence. Et si on répète trop souvent la lecture
d’un même livre, on ne parvient précisément plus à cette absence à cette
stupeur (le texte se retire). De toutes les lectures c’est certainement celle
de éponges modèle 2003 en juin à
Beaubourg qui a le plus compté. Là vraiment j’ai disparu, et j’espère pouvoir
dire que le livre est apparu ; pour moi ça a été comme un quatrième acte aux
trois livres. On m’a rapporté que quelqu’un avait dit dans la salle, après la
lecture : cet homme est un centaure. Si ça pouvait être vrai !”
(Extraits de CCP n° 11, cipM/Farrago, 2006)
L’essentiel de l’œuvre de Dominique Fourcade est à lire dans :
Épreuves du pouvoir, José
Corti, 1961 ;
Lessive du loup, GLM, 1966 ;
Une vie d’homme, GLM, 1969 ;
Rose-déclic, P.O.L, 1984 ;
Le ciel pas d’angle, P.O.L,
1983 ;
Son blanc du un, P.O.L, 1986
;
Xbo, P.O.L, 1988 ;
Au travail ma chérie,
Imprimerie Nationale, 1992 ;
IL, P.O.L, 1994 ;
Tiré à quatre épingles,
Chandeigne, 1995 ;
Le sujet monotype, P.O.L,
1997 ;
Est-ce que j’peux placer un mot ?, P.O.L, 2001 ;
sans lasso et sans flash, P.O.L, 2005 ;
éponges modèle 2003, P.O.L,
2005 ;
en laisse, P.O.L, 2005.
centre international de poésie Marseille
Centre de la Vieille Charité - 2, rue de la Charité
13236 Marseille Cedex 02
tel : 04 91 91 26 45 / fax : 04 91 90 99 51
[email protected]
Commentaires