Il suffit d'une feuille
et ce peu
de lumière qui tombe de la fenêtre
pour que très vite la vie s'arrête
et brille pour que je reconnaisse
derrière la vitre où du linge se balance
un instant que j'ai déjà vécu
et c'est comme si le temps n'existait plus
ou peut-être n'est-ce pas comme si
le temps n'existe plus je suis là
dans cette clarté neutre j'écris
je m'enveloppe de douceur
de quelques mots des voix parlent
dans la cour on marche au-dessus
rien n'a passé je suis le même
je suis l'autre qui traçait
lentement les signes qui les trace
ne cesse de les tracer il est deux heures
j'ai perdu mon nom je les ai tous
je pourrais être le scribe ou le copiste
rien d'autre qu'une main
qui avance sur le papier
le temps pourrait être cette attente
qui n'attend rien avec dans l'escalier
des pas qui montent ils s'approchent
on entend un souffle
on va peut-être frapper mais je n'y suis pas
je suis au centre où plus rien n'existe
que la lumière d'une fenêtre
comme suspendue entre ici et là-bas
hier et demain j'écoute une voix
je ne la reconnais que trop tard
elle parlait entre deux silences
et ne m'a laissé que cet instant
sans visage où plus rien n'a de nom.
22 décembre 2001
Jacques Ancet, Un morceau de lumière,
avec des dessins d'Alexandre Holan,Voix d'Encre, 2005, sans pagination.
Bio-bibliographie
de Jacques Ancet,
extrait
1, extrait
2, extrait
3,
, extrait
4 (Diptyque avec une ombre)
fiche
lecture de la Dernière Phrase
un
texte de JA sur La dernière phrase,
voir les Cartes blanches
Commentaires