écrit
à la craie
Quand la rive froide du fleuve rendra silencieux
les hommes qui remontent à l'intérieur des terres,
quand sur leur front coulera l'huile sainte
et qu'ils frotteront leurs mains
au pollen doré des stigmates du safran,
quand le visage d'une mère dans l'ombre
criera aux enfants qu'il est l'heure de se coucher,
quand l'autorail immobile au milieu des blés
surprendra dans la lumière de ses phares
le ferronnier qui est triste et ne peut le dire,
quand les grenouilles rousses et les iris fétides
laisseront le vent remuer la cendre de leur voix,
quand la flamme se lèvera dans l'herbe sèche
en accueil à l'étranger venu par le flot de la nuit,
quand dans la plaine des tulipes renversées
chaque abeille sera l'orgasme du calice,
quand le lièvre perdra ses entrailles
et sentira s'ouvrir une voie d'eau dans le néant,
quand l'ami connaîtra l'aimé cheveu par cheveu, veine par veine,
et mènera ses troupeaux sur l'autre rive du fleuve
guidé par la lumière du sel et la grammaire du détachement,
nous contemplerons la lune à travers les branches du poirier
et nous serons nus à cause d'un tel secret.
Jean-Baptiste Para, La Faim des Ombres, Obsidiane, 2006, p. 61.
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de Jean-Baptiste Para
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Rédigé par : gmc | jeudi 25 mai 2006 à 11h23