Comme annoncé, la suite
et fin du poème de Marie Ponsot dont Poezibao a donné le début
le 5 mai
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Pour exhumer ce que de toi j'ai honoré,
Je cherche la fauvette couronnée, par nous
Manquée lorsque, couleur de feuillage, une forme
S'est fondue dans un tapis d'ans amoncelés.
Après ton "Chhhh", dans le silence obéissant
De trop d'années nous avons entendu :Tea/cher.
Tea/cher: Oracle clair, c'était l'oiseau caché
Dont le message était sans ambiguïté.
Nous nous sommes lancées, répondant à l'appel,
Pénétrant la pénombre et aujourd'hui encore
Son cri me précède, biaise et s'enfonce. Femme-
Fille-oiseau-tea/cher-apprends-moi…Toucher de branches,
De ciels sur l'herbe ; j'ai, dans ce colin-maillard,
Perdu foi en l'amour devant ton masque d'ombre.
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Foi en l'amour perdu devant ton masque d'ombre
Me fait oublier si je t'aimais, oublier
Si, les jours sans, tu te munissais de mensonges ;
Avons-nous fait semblant de voir l'oiseau, passé
Aux profits de ma vie ce que je compte en pertes :
Le résultat voulu par nous pour cette quête ?
Mais je t'ai bien vue oiseau et je vois encore
Ton œil en vie qui brille dans l'humus ; cachée,
Sans couleur, tu dis ton bref alphabet d'aigus.
Attends-moi. Vif éclair, épouse de la terre.
Sur tes pattes roses ne crains pas mon regard
Restreint. Chante, libère mon ouïe, nomme-toi,
Exprime-toi. L'amour mystère me fait peur.
Dis que notre quête était résultat voulu..
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Je dis avoir voulu ma part de cette quête.
("Est-ce bien ta mère ?" Oui. "Mais c'est elle, tea/
cher." Oui. Bien sûr.) À lire dehors au soleil,
Je vois ta main claire sur la page. Spirée
En pluie de clarté. De ta bague sort un astre
Qui arrose de planètes des ciels de mots
Créant, tandis que toi et moi, ou nous, lisons,
Un cosmos bien à nous, permanent défi
Aux ténèbres ; ses feux, lancés sur cette page
Éclairent les mots : la lumière est au pluriel.
Peu importe la paille et qui porte la pierre,
Ou qui s'enflamme pour l'œil gemmé d'un oiseau,
La clarté s'intensifie sur notre planète.
Oiseau, ta vie est diamant aux mille feux.
REPRISE
En quête de bonheurs par delà les oiseaux,
Je les trouve en toi, seule, égarée, après coup.
Notre espoir, au moins a survécu ; ma présence
Dans l'ombre de ton amour brille sous le jour ;
Il me précède et s'enfonce. Son cri me perce :
Attends-moi. Vif éclair, épouse de la terre.
Éclaire tes mots: la lumière est au pluriel.
Marie Ponsot, traduction Jean Migrenne, revue Siècle 21 n° 5, automne-hiver
2004, p. 114.
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To root for the you I have never betrayed
I hunt the ovenbird we never found—
Or guessed we’d found when something leafbrown strayed
Under the trees where soft leaves lay year round.
When you’d said, “Hush,” and we’d obeyed (obeyed
Lifelong too long) “Tea/cher!” we heard; the shy
Bird spoke itself, “Tea/cher!” from the dim ground
The call came plain enough to recognize
And we went out following the sound.
It went before us in the dusk; its cries
Go before me now, swerve & dip in shade
Woman daughter bird teacher teach me. Skies
Boughs brush tufts; blind I have lost where we played
All trust in love, to the dark of your disguise.
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Trust in love lost to the dark of your disguise,
I forget if I loved you; I forget
If, when I failed, your requisitioned lies;
Did we make believe we saw the bird, and set
On my lifelong list what my long life denies:
That we found what we wanted side by side?
But I did see you bird I see you yet
Your live glance glinting from leafdust; you hide
Calling, colorless, your brief alphabet
Sharp. Wait, wait for me. Flash past, dusty bride,
Stand safe, rosefooted, before my finite eyes.
Sing, undeafen me. Bird be identified.
Speak yourself. I dread love that mystifies.
Say we wanted what we found side by side.
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I say I wanted what I found at your side.
(“Is that your mother?” yes. “But she’s a tea/
cher.” Yes. I see that.) reading, sunned, outside,
I see your lit hand on the page, spirea
Shaking light on us; from your ring I see slide
A sun, showering its planets across skies
Of words making, as you read or I or we,
A cosmos, ours. Its permanence still defies
The dark, in sparkles on this page; fiery,
It makes its statement clear: light multiplies.
No matter on whose flawed hand what jewel rides
Or who quickens to what bird with jeweled eyes,
The light of the planet is amplified.
Bird your life is diamond and amplifies.
REPLAY
The luck beyond birds that was our quest
I find in you. Although I’m lost & late
Our hope at least lasted; here I still stand
In your dark love, efficient under day love;
It goes before me in the dark, its cries
Sharp. Wait, wait for me. Flash past, dusty bride,
Make your statement clear: light multiplies.
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