le martinet
Le martinet recueilli sur le trottoir
avait les ailes entartrées de goudron,
il ne pouvait voler.
Gina qui le soigna fit fondre ces grumeaux
avec des tampons d'huile, de parfums, au pinceau
peigna ses plumes, l'enfouit
dans une corbeille lui permettant à peine
de respirer.
Lui la regardait, presque reconnaissant,
d'un seul œil. L'autre restait fermé.
Puis il accepta une demi-feuille de laitue
et deux grains de riz. Il dormit longtemps.
Le lendemain, à l'aube, il reprit sa volée
sans dire adieu.
[...]
il rondone
Il rondone raccolto sul marciapiede
aveva le ali ingrommate di catrame,
non poteva volare.
Gina che lo curò sciolse quei grumi
con batuffoli d'olio e di profumi,
gli pettinò le penne, lo nascose
in un cestino appena sufficiente
a farlo respirare.
Lui la guardava quasi riconoscente
da un occhio solo. L'altro non si apriva.
Poi gradì mezza foglia di lattuga
e due chicchi di riso. Dormì a lungo.
Il giorno dopo all'alba riprese il volo
senza salutare.
Eugenio Montale, Carnets de poésie 1971
et 1972, Poésies V, édition bilingue, traduit de l'italien par Patrice
Dyerval Angelini. Gallimard 1979, p. 62/63
bio-bibliographie
de Eugenio Montale
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