la Maison de la Poésie de
Nantes
invite l’auteur
JEAN-LOUP TRASSARD
Lecture et entretien-présentation avec
Georges Monti (éditions Le Temps qu’il fait)
Mercredi 10 mai 2006 à 19h30 au Pannonica
9, rue Basse Porte (Talensac) – Nantes / Tarifs : 3 euros - abonnés :
gratuit
Infos : 02 40 69 22 32 ou www.maisondelapoesie-nantes.com
avec les participations du Pannonica et de la librairie Vent d’Ouest
Depuis son premier livre, L’Amitié des
abeilles (Gallimard, 1961, réédité au Temps qu’il fait en 1985), Jean-Loup
Trassard cultive avec constance — et pour outils les mots — son amitié pour la
terre et les hommes ; il s’obstine avec la persévérance d’homme de terre à
en faire un territoire de livres. Né en 1933 à Saint-Hilaire-du-Maine, en
Mayenne, il a tenu une ferme pendant trente-cinq ans, pratiquant
essentiellement l’élevage ; il n’est pas paysan, n’est pas de lignée
paysanne, il déclare faire de l’agriculture pour son plaisir : « Je ne
peux pas me dire paysan. Le paysan, c’est celui qui 365 jours par an se lève
pour aller faire la traite tôt le matin » (in Le Matricule des Anges) ; cela est joint au temps d’écrire.
C’est un écrivain et photographe agricole (et non rural), qui recherche, sans
idyllisme, sans poétisation, la rencontre entre l’homme et la nature. Lui, il
capte, il saisit, il donne et n’a pas peur des mots (on trouve dans sa langue
tout un lexique agricole, du patois) (« J’ai plaisir à ramener des choses
du fond de la terre et je fouille le patois mayennais pour en trouver
l’origine », ibidem). Cela donne
une langue charnue, amoureuse, physique. La vision qu'il nous offre de la
civilisation rurale traditionnelle qui disparaît irrémédiablement, est à la
fois ethnologique : conserver la mémoire des paysages, des outils, du
savoir-faire, des hommes et de leur parler. Mais aussi poétique : s'y mêlent
des présences mythiques sous-entendues, des ombres humaines d'un temps
immémorial. Amitié est peut-être un
maître-mot : Georges Lambrichs publiera son premier livre, inaugurant une
amitié durable, ainsi qu’avec d’autres auteurs gravitant autour de la
collection Le Chemin, chez Gallimard, Michel Chaillou, Michel Deguy, Gérard
Macé, inaugurant une série de livres (Paroles
de laine, 1969 ; L’Ancolie,
1975 ; Tardifs instantanés ;
1987 ; Nous sommes le sang de cette
génisse, 1995 ; La Déménagerie,
2004…) ; il alternera récits, nouvelles, souvenirs et romans. En 1981, il
rencontre l’éditeur du Temps qu’il fait Georges Monti ; naîtra une amitié,
et une complicité qui donnera plusieurs livres ; c’est au Temps qu’il fait
que Jean-Loup Trassard publie ses livres de photos et textes (Inventaire des outils à mains dans une ferme,
1981 ; Territoire, 1989 ; Objets de grande utilité, 1995 ; Les derniers paysans, 2000 etc.).
Il pleut, les saisons empiètent les unes sur les autres, rarement répondent à
ce qui est attendu d’elles, il fait sec de nouveau pour quelques jours, les
murs sèchent, la cour sèche, il y a un affleurement pierreux juste au devant de
l’ancienne étable. L’hiver entasse des génissons bourrus là-dedans, l’été ils
sont hors, à l’herbage, l’étable vide, porte ouverte, des poules entrent. Le
volet est une sorte de fenêtre, toujours fermée, à l’intérieur on a mis devant
un râtelier contenant du foin. La peinture, brun presque orangé, s’est
craquelée,le bois qu’elle couvre a vieilli sans bouger, sans autre fatigue
qu’être battu par les pluies mouillé séché mouillé, années au long…
(Extrait de Territoire, Le Temps
qu’il fait, 1989)
Georges Monti a fondé les éditions Le Temps qu’il fait en 1981 (aujourd’hui son
catalogue est riche de plus de 400 titres), l’appellation lui ayant été
inspirée par le titre d’un roman d’Armand Robin, qui lui inspire encore une
volonté d’éditeur indépendant et réfractaire aux lois du marché, il publie en
suivant le critère essentiel de son goût, en dehors de toute intention
doctrinale. Il se plaît à citer Roland Barthes : « Un peu de sagesse,
un peu de savoir, très peu de pouvoir, et le plus de saveur possible ». Il
réunit plutôt une famille d’esprits se plaisant au buissonnier ou au
vagabondage, à l’invention de la vie par le langage, et il attache grande
importance à ce mot et à ce qu’il implique d’engagement : l’amitié. C’est
la raison pour quoi sans doute Georges Monti et Jean-Loup Trassard se sont un
jour rencontrés.
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