Alain Lance qui a de nombreux liens avec les poètes d'Iran me fait parvenir le texte de cet hommage à Claude Esteban, prononcé peu après sa disparition, par le poète Hassan Safdari, dans une librairie de Téhéran
En deuil de Claude Esteban
C’est le 18 mars 2006,
au Salon du Livre de Paris, que j’ai rencontré pour la dernière fois, Claude
Esteban. Il était là, assis aux côtés de mes amis poètes Sepanlou, Royayie et
Alain Lance. Il a exprimé discrètement sa joie de voir publier en français les poèmes de Royayie et les miens.
Son visage souriant a laissé une empreinte éternelle dans mon cœur.
Claude était amoureux de la vie. Il m'a demandé des nouvelles de la Caravane
des poètes. J'ai répondu que c’était très beau et très impressionnant de
rencontrer ses lecteurs dans une autre partie du monde et je lui ai raconté un
souvenir. Lors de la lecture des poèmes à Poitiers, l'un des auditeurs a
dit:"Moi, je ne connais pas le persan, mais je comprends le chant du
moineau et je me réjouis car la lecture de poèmes en persan évoque pour moi le
chant du moineau."
Claude a répondu: « c'est exactement le sentiment que j'éprouvais quand
j'écoutais vos poèmes en Iran lors de la version iranienne de la caravane des
poètes ».
Le moineau a volé des champs de tulipes renversées des montagnes de Tchar
Mahal-é-Bakthiari vers Chiraz, Firouz-Kouh, puis d'Ispahan à Paris en se posant
à Poitiers, Nantes et Marseille.
La poésie de Claude est une jolie petite essence avec laquelle vit le poète
"je suis amoureux d'une abeille"
"j'écoute la feuille qui tombe"
"je serai aimable avec la neige"
et comme Paz le dit: « l'eau parle sans cesse comme si la pluie imposait un
silence continu".
Son amour de vie se manifeste dans tous ses écrits. J’ai lu mon poème:
"Les oiseaux se sont enflammés autour de ce feu
Laisse le poète dans son doux sommeil
La poésie est en éveil."
Je me suis endormi sous
ton parapluie
"Il se peut que tout soit
enregistré dans le livre
Mais le livre est perdu
Il se peut aussi
Que quelqu'un sans l’avoir lu
L'ait jeté au milieu des broussailles
Qu'importe ! Les écrits
Restent toujours."
Au dernier Khalingzar
Le corps de Claude Esteban a été brûlé il y a quelques heures au cimetière du
Père Lachaise
Ses écrits sont avec nous pour
toujours.
Hassan Safdari
Mercredi 19 avril 2006, librairie Salès
de Téhéran
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