Le Marché de la poésie a replié ses étals mais la Périphérie
du Marché, elle, propose des évènements depuis le 1er juin et jusqu’au
1er juillet : il faut dire ici l’importance de cette
orchestration du Marché, qui le prolonge, amplifie certains de ses aspects,
permet d’approfondir tel ou tel autre.
Hier en l’hôtel de Massa à la SGDL (société des Gens de
Lettres), à Paris, les femmes poètes étaient à l’honneur, cinq femmes, trois
finlandaises et deux françaises. Rassemblée sous la bannière du titre Poésinage au féminin, qui ne me semble
pas une trouvaille de tout premier plan, dans le sens où on se demande si le
mot valise est formé sur voisinage ou sur le plus contestable copinage et où le
mot « féminin » introduit une nuance qui peut aussi prêter à
confusion. Mais c’est broutille en regard de l’événement, très intéressant.
Cinq lectures successives donc, dans un cadre agréable,
bonnes conditions de confort, d’aération, de lumière et de sonorisation :
il faut le dire, c’est relativement rare ! Présentées par Paul Fournel,
écrivain, nouvelliste, poète, secrétaire définitivement provisoire de l’Oulipo
et président de la commission Poésie de la SGDL. Les trois poètes finlandaises seront,
elles, présentées, accompagnées et lues
(fort bien) par Sylvie Moussier.
C’est la poète Catharina Gripenberg qui lit en premier, en suédois puisque en Finlande trois langues se côtoient, le finnois, mais aussi le suédois et le same ou sami (les sames, devrait-on dire qui sont les langues laponnes). Au sujet de la Finlande et de sa présence au Marché voir cet article de Poezibao .
Puis vient le tour de Véronique Pittolo déjà entendue samedi
soir dans la nuit de remue.net (Poezibao
y reviendra). Là-bas mauvaises conditions pour entendre un texte complexe dont
Véronique Pittolo a lu ici de plus larges extraits qui m’ont beaucoup séduite :
une sorte de réflexion sur le thème d’Hélène, Ménélas et Pâris… ; l’auteur semble explorer des
images intérieures composées de multiples strates de provenances diverses.
Dressant un portrait par éclat des héros antiques. Et suscitant par ce biais
une réflexion sur nos représentations et ce qui les gouverne.
Et curieusement c’est aussi vers une forme de passé que se tourne Sophie
Loizeau, connue notamment pour ses deux livres de poésie publiés chez Comp’Act,
La Nue-bête (2004) et Environs du bouc (Prix Yvan Goll 2005). En compagnie de Daniel Arsand et de
Céline Minard, elle s’est donné pour tâche de terminer un roman épistolaire que
George Sand a laissé inachevé au moment de sa mort, Albine.
C’est très convaincant. Et très en contraste avec ce qu’on a pu lire d’elle dans
les livres que je viens de citer, mais moins avec les très belles photos
accrochées au mur de la salle de réception de la SGDL, paysages, reflets,
impressions….photos qu’elle dit avoir prises dans le temps où elle travaillait
à Environs du Bouc et à cet autre livre, Le Corps saisonnier.
On pourra entendre alors Helena Sinervo qui a publié six
recueils de poésie en Finlande, traduit en finnois Bonnefoy et Elizabeth Bishop
et qui est elle-même traduite pour certaines de ses œuvres par Nimrod.
La
soirée se clôt avec une autre poète, dite IMA en réalité Inger-Mari
Aikio-Arianaick, qui écrit en langue same, une langue de la Laponie.
Les auteurs de Finlande citées dans cet article sont toutes les trois présentes dans le supplément Finlande du Marché des Lettres, le journal publié à l’occasion du Marché de la poésie et que l’on peut lire en ligne (PDF) : à consulter ici (j’ai signalé aux responsables du site que le lien ne fonctionne pas, cela devrait être corrigé rapidement). On peut y lire leurs portraits et de larges extraits de leurs œuvres.
©florence trocmé
Photos Florence Trocmé, colonne de gauche, de haut en bas, à la SGDL - CatharinaGripenberg, Sophie Loizeau et IMA, colonne de droite, de haut en bas, Paul fournel, Véronique Pittolo et Helena Sinervo
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