Au cœur d’une rencontre, souvent (toujours ?), un
mystère. Pourquoi elle pourquoi moi / pourquoi moi pourquoi elle. Elles ?
Edith Azam, rouge, Valérie Schlée, noir. Au cœur de la rencontre, un livre
singulier et prenant : Un objet
silencieux
J’ai pu rencontrer les deux auteurs au Marché de la poésie et les interroger
sur leur livre.
Si l’on remonte le cours du temps que découvre-t-on ? Un atelier d’écriture, celui de Hervé Piekarski, et une présence, celle de Charles Pennequin. Ce jour-là, Edith Azam lit à haute voix un texte qu’elle vient d’écrire et sa façon de lire et plus encore peut-être sa voix attirent et intriguent Valérie Schlée. Elles se parlent, elles décident de s’écrire ; par voie postale puisqu’elles habitent l’une à Montpellier, l’autre au Sud de Carcassonne. Cette correspondance avec son tempo bien particulier, presto pour Edith, largo pour Valérie tourne de plus en plus autour de l’écriture, de la relation de l’une et l’autre à l’écriture mais aussi de l’écriture de leur relation. S’impose alors naturellement l’idée d’en faire un livre et à partir de ce moment-là la correspondance s’amplifie et s’oriente vers ce projet. Textes et mots circulent, permutent, s’échangent, se répondent.
Le résultat : ce très beau recueil, Un objet silencieux, édité par une
petite maison d’édition associative de Lyon Le Suc et l’Absynthe. 200
exemplaires entièrement fabriqués à la main*, couverture rouge en carton ondulé
doublé de papier calque, encres de Paoli Di Prima. Et ce texte duel qu’on a
envie de comparer à la double hélice de l’ADN tant l’encre noire de l’une et l’encre
rouge de l’autre semblent s’enlacer en un projet vital commun.
Un objet silencieux,
le livre, enfant improbable de la rencontre. Né d’une sorte de pas de deux, où
les écritures, les esprits, les cœurs, les corps se frôlent, se cherchent, se
répondent mais aussi choisissent de rester dans le suspens, dans le « tiraillement
entre ce qui naissait de l’écriture et ce qui se vivait dans la relation ».
Autour d’une sorte de non-dit, de silence central, tel le vide du vase, le vide
qui donne forme au livre, l’objet silencieux. « Notre histoire demeure dans
l’innommable [qu’il faut prononcer bien sûr in-nommable], dans la verticalité
des songes ». La nommer, de quel que nom que ce soit – amour / amitié –
aurait sans doute tari la double écriture, tué l’objet silencieux.
©florence trocmé
*Association Le Suc et l’Absynthe, No Mad Productions, 84 avenue Lacassagne, [email protected]
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