À tour de rôle, les feux de la côte nord ont pris posses-
sion de l’obscurité. Ils clignotent, délimitent l’arc et les
dangers de la baie, posent des doigts colorés sur la rumeur
de l’eau
Une barque, avec un seul homme à bord, se faufile entre
deux roches, précisément entre la Noire et la Cheminée…
Vu d’ici, la brume, la mer et le froid stagnent dans un jeu
de veille qui restitue l’oscillation calme et régulière d’une
nuit givrée.
-129-
***
maître
d’épave,
pas loin,
dans une grange
Il remue le cap
avec les iris fanés
de l’enfance qui craque
son bois sous le givre
il commande une clé
pour la serrure du doute,
un reflet de hache
pour fendre le dos
des truites sous l’eau
& un morceau du Brésil
de Blaise pour les orteils
gelés de son poème
-76-
***
J’ouvre le livre,
un peu comme
on ouvre une fenêtre
pour découvrir, dès l’aube,
un fragment de paysage.
Après je bénis le jour
Personne ne me voit. Je parle.
Je donne du pain aux morts.
Et je jette les dernières étoiles
au fond du puits
-111-
Jacques Josse, Vision claire d’un semblant d’absence au monde,
Éditions Apogée, 2003 (folios indiqués après chaque extrait).
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Rédigé par : cannelle | mardi 18 juillet 2006 à 13h40