Je reprends ici un poème d’Emily Dickinson que j’avais
publié dans la version antérieure de l’anthologie permanente sur le site
zazieweb. Je dispose aujourd’hui dans ma bibliothèque d’une autre traduction,
plus récente, due à Claire Malroux qui a magnifiquement traduit un ensemble d’œuvres
très important d’Emily Dickinson chez José Corti. J’ai trouvé intéressant de
donner ici les deux traductions et bien sûr l’original
(258)
Il est certain biais de lumière
L'hiver après-midi,
Accablant, comme la lourde
Harmonie des cathédrales –
Céleste blessure infligée –
De cicatrice, nulle trace,
mais une différence interne
Au sein des significations.
Rien ne peut l'enseigner – personne –
C'est le sceau du désespoir,
Une affliction impériale
Qui nous est envoyée par l'air.
A sa venue le paysage écoute –
L'ombre suspend son souffle
Quand elle part, on dirait la distance
Sur le visage de la mort.
Emily Dickinson, poèmes, édition bilingue Aubier Flammarion 1970, traduction de
Guy Jean Forgue, p 64/65.
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Certaine clarté Oblique
L’Après-Midi d’Hiver –
Oppresse comme la Houle
Des Hymnes Liturgiques –
Céleste Blessure, elle ne laisse
Aucune cicatrice
Mais une intime différence
Là où résident les Sens –
Nul ne peut l’enseigner – Non -
C’est le Sceau du Désespoir -
Une impériale affliction
que des Airs on nous envoie –
Elle vient, le Paysage écoute –
Les Ombres – retiennent leur souffle –
Elle s’en va, on dirait la Distance
Sur la face de la Mort (258)
Emily Dickinson, Une âme en incandescence,
poèmes, traduits et présentés par Claire Malroux, José Corti 1998, p. 81.
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There's a certain Slant of
light,
Winter Afternoons –
That oppresses, like the Heft
Of Cathedral Tunes –
Heavenly Hurt, it gives us –
We can find no scar,
But internal difference,
Where the Meanings, are –
None may teach it – Any –
'Tis the Seal Despair –
An imperial affliction
Sent us of the Air –
When it comes, the Landscapes listens –
Shadows – hold their breath –
When it goes, 'tis like the Distance
On the look of Death –
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