
L’espoir ? Se tient debout dans deux vers d’Henri Bauchau : « Il n’y a rien de nécessaire / Sauf être là, à chaque instant, de plus en plus1 » Puis dans un autre : « Que je demeure en violence ». Je le répète, ce troisième, contre le mutisme de nuit, jusqu’à ce que la texture de mes sons s’ajuste à ma gorge. « Que je demeure en violence », pour qu’il trouve asile quelque part entre mes côtes, derrière la grille osseuse où bat fort l’organe déréglé, où se sont réfugiés quantité de chagrins et d’énigmes qui n’en finissent plus de brouiller les cartes. « Que je demeure en violence », sans que l’abîme se creuse, sans que ma bouche s’ouvre, noire, muette, comme dans Un devoir d’effroi2 où la tête de l’enfant, telle une lune inquiétante dont la face visible aurait été un tas de fois rapiécée, suffoque de silence.
Vis-à-vis d’un
soleil flou qui la gruge
« Être là à chaque instant »,
plus après qu’avant, assumant jusqu'au bout cette coulée de scories et de joies
dans mon fleuve, et le fait d’être encore là aujourd’hui, survivante de
nombreux naufrages, étonnée par la hardiesse de mon espoir mais responsable de
ce qui – peut-être – adviendra : « une paix capable de dire non3. »
1. Henri Bauchau. L’écriture à l’écoute,
Actes Sud, 2000, P. 34
2. Une installation de
Monique Bertrand, Québec, 2002
3. Françoise Ascal, La
table de veille, Apogée, 2004, p. 11.
Bio-bibiographie
de Denise Desautels, extrait
1, extrait
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