De la tour
Cette terre grise lissée par le
vent dans ses croupes,
dans son galop vers la mer,
dans sa ruée de troupeaux sous les dômes
et les contreforts de l'intérieur, vue
dans le vertige depuis les glacis, file
la lumière, file de mystérieuses années-lumière,
file un seul destin de multiples façons,
dit : « regarde-moi, je suis ton étoile »
et en cet instant s'enfonce plus profond
dans le cœur l'épine de la vie.
Cette terre toscane nue et pure
où court la pensée de celui qui reste
ou qui, issu d'elle, s'en éloigne.
Dalla Torre
Questa terra grigia lisciata dal vento nei suoi dossi
nella sua galoppata verso il mare,
nella sua ressa d'armento sotto i gioghi
e i contrafforti dell'interno, vista
nel capogiro dagli spalti, fila
luce, fila anni luce misteriosi,
fila un solo destino in molte guise,
dice : « guardami, sono la tua stella »
e in quell'attimo punge più profonda
il cuore la spina della vita.
Questa terra toscana brulla e tersa
dove corre il pensiero di chi resta
o cresciuto da lei se ne allontana.
Mario Luzi, Dans l'œuvre du monde,
traduction Philippe Renard et Bernard Simeone, Orphée/la Différence 1991, p.
46/47.
Mario Luzi est né en 1914 près de Florence. Il passe son enfance à
Sienne, fait ses études à Florence, se lie avec Eugenio Montale et soutient en 1936
une thèse consacrée à Mauriac.
Extraits de sa bibliographie en français.
Vie fidèle à la vie
(Anthologie), Obsidiane/Villa Médicis, 1984
La nuit lave l'esprit,
l'Alphée 1985
L'incessante origine,
Flammarion 1985
Pour le baptême de nos fragments,
Flammarion 1987
Cahier gothique, précéde de Une libation, Verdier, 1989
Mi-figue, mi-raison, l'Echoppe
1989
Une
belle page Mario Luzi sur le site des éditions Verdier
En
italien, un ensemble très complet sur le site de la RAI
Mario Luzi dans Poezibao :
en
poésie/Gallimard (05), extrait
1, extrait
2, extrait
3,
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