Poète,
traducteur (de l'italien, du portugais), critique littéraire, animateur de
revues, Jean Todrani est né à Marseille le 19 septembre 1922.
Il a commencé de publier des poèmes en 1948 : dans Les Cahiers du Sud,
auxquels il va collaborer jusqu'au dernier numéro (automne 1966), dans les Cahiers
GLM dirigés par Guy Lévis Mano, qui devient son premier éditeur en 1952 et
fera paraître cinq de ses livres. Il rejoint vite l'autre revue d'importance
née à Marseille au siècle dernier : Action poétique, cofondée en 1950
par Jean Malrieu et par son ami Gérald Neveu. Mais surtout il crée en 1967 la
revue Manteia, dont il assure la direction jusqu'en 1974. Proche de Tel
Quel sans en être pour autant une déclinaison, l'aventure de Manteia
(qui a rassemblé, autour de son initiateur, les poètes Gérard Arseguel, Joseph
Guglielmi, Jean-Jacques Viton…) voit l'écriture de Jean Todrani s'infléchir -
tout comme celle de ses amis - vers un certain textualisme dont témoigne, par
exemple, Studio (François-Pierre Lobies, 1982). Celui-ci n'a toutefois
jamais oblitéré, chez lui, une attention profonde au vers, un souci constant,
méticuleux et inventif, de la prosodie dont on peut mesurer les grandes
réussites dans des livres comme Ou bien ou, plus encore, L'Inachevé
(Comp'Act, 1989, 1995). Et n'a pas fait taire une sensualité présente dès les
premiers textes ; concise, refusant l'épanchement mais tenant comme peu le
poème pour le lieu d'une tension sexuelle fondamentale, instauratrice.
Jean Todrani a aussi collaboré aux revues Passerelles, Banana Split, If,
Java, etc.
Œuvre abondante (vingt-quatre livres publiés) mais toujours un peu secrète que
celle de Jean Todrani, fidèlement soutenue depuis vingt ans par Alin Anseeuw
(Ecbolade) puis Henri Poncet (Comp'Act), depuis 1989 son principal éditeur et
qui a proposé à l'automne 2005, en ouverture du n° 36-38 de la revue qu'il
dirige, La Polygraphe, un vaste ensemble critique sur l'un des poètes
clés de son catalogue : le premier à être consacré à celui dont Jacques Dupin a
salué, à propos de son dernier ouvrage publié, Exploits (2003), la
justesse de ton, la ténacité d'écrire, la force émotive.
(note largement inspiré d’un article de Christian Tarting
paru dans la lettre d’information du cipM de Marseille et publié intégralement
dans l’annonce du décès de Jean Todrani disparu dans la nuit du vendredi 14
juillet 2006).
Bibliographie
Tête noire, G.L.M., 1952.
Orpailleurs qui cherchez, G.L.M., 1952.
Ici est ailleurs, G.L.M., 1954.
Le plus clair du temps, G.L.M., 1954.
Proses de Camargue, hors commerce, 1958.
Mandragore, Cahiers du Sud, 1960.
Le livre des visites, G.L.M., 1961.
14 poèmes en un acte, Action Poétique, 1962.
Je parle de l’obscur, la Fenête ardente, 1963.
Neuf poèmes d’amour, la Fenêtre ardente, 1966.
Cano, P.-J. Oswald, 1967.
Cessez de comprendre, Gramma, 1979.
Studio, Éditions Lobies, Gramma, 1982.
Gioconda, la Répétition, 1984.
D’où viens-tu, toi qui t’en vas ? Ecbolade, 1985.
Comme, Ecbolade, 1987.
Ou bien, Comp’Act, 1989.
Jusqu’aux enfin, André Dimanche, 1990.
Le livre et le vallon, Éditions E.D., 1994.
L’inachevé, Comp’Act, 1995.
Sudor facil, Comp’Act, 1997.
Les idées inconnues, Comp’Act, 2000.
Exploits, Comp’Act, 2003.
Sitographie
Sur
le site des éditions Comp’Act
Dans
l’Humanité, un
article de Jean Todrani (1993) lors du décès de son ami Jean Tortel
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