CERFS NAGEANT
Instantané d’il y a vingt mille ans
fixé sur la paroi
non les sels d’argent
mais le crayon de manganèse
un dessin sûr et léger
la harde traverse un fleuve
têtes levées au-dessus des eaux
ramures dans la lumière
aucune flèche n’est lancée
Un matin dont la grâce nous saisit encore
sur l’autre rive
Françoise Hàn, ne pensant à rien,
encres de Jean-Michel Marchetti, Éditions Jacques Brémond, 2002, p. 13
14.
Les interstices livrent passage aux figures enfermées. Elles se glis-
sent au dehors, se dégagent du minéral compact, ribambelles ani-
mées sur la paroi des grottes.
Ce ne sont pas des images. C’est la roche qui se met à vivre quand
on la frotte de couleurs. Terre rouge, terre noire, on en a plein les
mains. On appuie le trait. On écrase.
entre la pulpe du doigt et le grain de la pierre, nous écrasons l’in-
quiétude de l’homme traqué. Ici la joie prend origine, ici nous
avons pouvoir sur nos questionnements, nous les projetons sur
les murs, animaux sauvages, portraits hachurés. Une tête au fusain
de Picasso sort de la crevasse, nette, taillée au silex.
[…]
Françoise Hàn, L’Evolution des paysages,
Cadex, 2000, p. 30..
Fiche bio-bibliographique
de Françoise Han
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