Dans l’ombre de leurs mains qui ne s’étaient jamais touchées,
l’innocence
qu’ils avaient préservée avait une fragilité d’oiseau pris. Face à leurs pages
comme
face à eux-mêmes, dans leurs rares rencontres, légères d’un bonheur fait de
rien,
ils avaient toujours contourné la faille où ils se fussent sinon jetés comme
deux
amants dans le lit de leur mort.
Ne rien dire, éviter les mots incertains et terribles – leur seul partage
pourtant
– avait été l’exercice d’une soumission mutuelle à une injonction intérieure.
Et sa
réussite : cette gerbe d’un silence que l’inquiétude de l’un avait
généreusement
offerte au tremblement de l’autre.
Bernadette Engel-Roux, Brasier, Babel
Éditeur, 2003, p. 9.
Bio-bibliographie, extrait
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