La Femelle du Requin sillonne la littérature en profondeur et s’arrête trois
fois l’an pour proposer de véritables rencontres avec des écrivains. Pas ceux
qui figurent au Top 30 des meilleures ventes mais plutôt ceux pour qui
l’écriture constitue d’abord une voie de salut. Comme ici Jean-Yves Cendrey,
empêcheur d’écrire en rond, agitateur incorrigible, insurgé chronique qui livre
dans un long entretien son parcours d’individu écorché clamant sans concession
sa haine de l’ordre établi, jetant par-dessus bord la figure du père comme
celle de la mère, s’en prenant tout autant aux institutions, aux pouvoirs
crapuleux qui régentent la cité, à la lâcheté, à l’hypocrisie environnante.
Il faut être insolent, sinon on est mort. Des extraits de nombreux livres
introduisent cette rencontre, comme une invitation à poursuivre dans le texte
la découverte d’un auteur pour le moins attachant. Attachante aussi, Sylvie
Gracia, seconde invitée spéciale de ce numéro. Venue à la littérature après ses
trente ans, elle opte d’abord pour des formes courtes avant de publier un
premier roman en 2002 : l’ongle rose (Verdier). Ses personnages sont
en difficulté d’échanges, en impossibilité de mots communs. Sylvie
Gracia revendique une écriture de femme. Ses textes, souligne Laurent Roux, sont
des machines à émotions. A vous d’y aller voir.
©Alain Helissen
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