De Muriel Spark, les lecteurs français auront lu et
auront aimé ses nouvelles, ses romans, son autobiographie avant de lire ses
poèmes, avant de savoir même qu’elle en écrivait. Muriel Spark était
romancière. Elle n’est pas la seule à avoir écrit des poèmes. Herman Melville,
Paul Auster, Raymond Carver, Charles Bukowski, James Joyce, il semble que les
écrivains de langue anglo-saxonne ont moins de timidité quant à la possibilité
d’écrire des romans et des poèmes. Il
est possible que je me trompe, un poète nous en dirait sans doute plus à ce
sujet. Cela m’évoque la peinture de Willem de Kooning, peignant des Woman figuratives et des Landscape non
figuratifs, un peintre nous en dirait sans doute plus à ce sujet.
Une anémone peut-elle faire histoire (Flower
into animal : Du végétal à l’animal) ? et un manuscrit vendu aux
enchères (Going up to Sotheby’s :
En route pour Sotheby’s) ? et une rue (The
dark music of the Rue du Cherche-Midi : La sombre musique de la rue du
Cherche-Midi) ? et un rhume (That
bad cold : Mauvais rhume) ? et une ville ( A tour of London : Londres) ? et un fait divers (Facts : Des faits) ? Ou
alors : qu’y a-t-il que le roman échoue à dire et que les romanciers
confient à la poésie ?
Ces poèmes lus, on relit autrement les fictions de Muriel Spark, pas avec plus
de sérieux ou de considération (même si la fiction se sent toujours intimidée
face à la poésie), non, c’est peut-être le contraire : avec plus d’insouciance,
plus d’allant, « les maisons s’inclinent latéralement vers la
lumière », elles n’ont plus peur d’y tomber.
©Dominique Dussidour, septembre 2006.
Muriel Spark : Et nous étions fort
occupés, édition bilingue, poèmes
choisis, traduits de l’anglais et présentés par Dominique Dussidour, La Table
Ronde, 2006.
Rédigé par : | mardi 30 janvier 2007 à 13h24