Un colloque se prépare, horizon novembre 2007,
auquel Poezibao ne peut être que très
sensible. En voici l’appel à contributions
Les voi(es)x de l'Autre dans l'écriture poétique : femmes poètes XIXe -XXIe
siècles
Appel à contribution
Date limite : 15 janvier 2007
Colloque international organisé à l' Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand
II) par le Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines
:
« Les voi(es)x de l'Autre dans l'écriture poétique : femmes poètes XIXe -XXIe
siècles »
(7, 8 et 9 novembre 2007)
Dans l'introduction du Deuxième sexe,
Simone de Beauvoir définit la situation de la femme par rapport à l'homme en
ces termes : « Il est le sujet, il est l'Absolu : elle est l'Autre »
La notion d' « Autre » semble s'appliquer tout particulièrement à la
position des femmes dans la tradition poétique. Le plus souvent « objet »
du discours poétique, la femme est alors la muse inspiratrice, une création du
discours masculin, idéalisée ou mythifiée. « Vérité, Beauté, Poésie, elle
est Tout », écrit encore Simone de Beauvoir, « Tout excepté soi-même ».
Elle est l'objet du discours, bien souvent enfermée dans les images codées de
la Féminité, redoublant en cela le discours parfois réducteur de la
psychanalyse. Pourtant, si l'on en croit Hélène Cixous, plus que tout autre
écrivain, « le poète fait passer … de la femme ». Freud, lui-même, referme
la conférence intitulée « La féminité » par l'injonction à poursuivre
la recherche sur ce qu'il désigne aussi comme une « énigme » à
travers la lecture des poètes : « Si vous voulez en savoir plus sur la
féminité, … adressez-vous aux poètes » Et cependant, s'il est un domaine
littéraire dans lequel, à travers les époques, les femmes sont relativement peu
présentes, c'est bien la poésie.
Au milieu du XIXe siècle, Elizabeth Barrett Browning, dont l'usage
du sonnet pétrarquiste faisait un poète en vue sur la scène littéraire
victorienne en Angleterre, s'écriait : « Où sont les poétesses ? ».
Comme la question elle-même, l'apparition du terme « poétesse »,
devenu de nos jours plutôt obsolète, attire immédiatement l'attention sur le
fait que les œuvres des femmes poètes ont été généralement moins lues, moins
connues, reconnues.
Nous nous proposons d'organiser un colloque, sans considération de pays,
portant sur les poètes femmes des XIXe, XXe et XXIe siècles,
qui permette à un large nombre d'entre elles de sortir de l'ombre dans laquelle
elles ont souvent été plongées, par oubli ou par méconnaissance, et qui
permette aussi à des chercheurs, poètes, amateurs de poésie de se réunir et de
partager, de confronter, d'enrichir leurs lectures de la poésie des femmes.
Nous visons avant tout à étudier la poésie des femmes comme création
artistique, et cependant, proposer un colloque consacré aux œuvres de poètes
femmes n'est pas neutre. C'est une démarche ancrée dans la pensée
contemporaine, qui prend en compte la dimension de la « différence
sexuelle » (Luce Irigaray) et l'apparition du concept d' « écriture
féminine » (Hélène Cixous) dans le courant des années 1970. A travers ce concept, et également à travers
celui d' « écriture-femme » (Béatrice Didier) apparu à la même
époque, se dessinait un enjeu nouveau et majeur dans la critique, l'invitation
à relire les œuvres des auteurs femmes avec un regard, des outils renouvelés.
Notre démarche se nourrit également des travaux de la « gynocritique »,
courant de la critique littéraire qui s'est développé dans les années 1970 et
1980 aux États-Unis, notamment autour d'Elaine Showalter, et qui explore la
notion de « différence » dans les œuvres des auteurs femmes plus
directement dans sa dimension culturelle.
Un certain nombre de pistes de réflexion se font jour :
- L'écriture poétique peut-elle se lire comme le lieu de la représentation
d'une situation spécifique des femmes dans le monde, la société, la culture ?
Une situation spécifique peut-elle susciter une écriture particulière du moi,
du corps, du rapport à la vie, à la mort ?
- Comment est introduite la nature ? Y a-t-il fusion avec la nature, ou
dissociation ? La nature est-elle un élément décoratif, ou fait-elle partie de
la vie et du corps ?
- La présence du corps féminin dans le texte est-elle représentation d'un vécu
spécifique du corporel ? Miroir du regard de l'homme, ou traversée de ce miroir
? « Venue à l'écriture « d'un « érotisme féminin », ou de
l'expérience du corps maternel ? Dans ce dernier cas, l'écriture se fait-elle
représentation ou exploration de zones inexplorées, voire tabou, du vécu ?
Quelle(s) représentation(s) de la relation mère-enfant la poésie offre-t-elle
et de quel type de langage peut-elle être porteuse ?
- Au cours du XXe siècle en particulier, siècle marqué par l'accès
massif des femmes au savoir en Occident, quelles voies les énergies nouvelles
libérées dans le sillage des mouvements des femmes ont-elles ouvertes dans
l'écriture poétique ? Assiste-t-on à des phénomènes d'exploration imaginaire,
formelle et langagière particuliers, ou extrêmes, liés à l'expérience
culturelle ou biologique de la féminité ? Une situation particulière des femmes
dans la culture a-t-elle pu donner naissance à un travail original, marginal ou
extrême, sur la langue par laquelle la culture transite ? Comment le texte
poétique est-il structuré ou déconstruit ? Et quels sont les enjeux des
stratégies d'écriture mises en œuvre ?
- Lorsqu'une quête philosophique, spirituelle ou mystique, traverse le langage
poétique, est-il possible d'y repérer la marque du féminin ? On pourrait
s'interroger également sur la place du mythe dans les textes poétiques féminins
et sur la manière dont sont exploitées les références mythologiques.
- Et quelle place occupent les représentations de l'Autre-homme dans la
création au féminin, une fois que la femme passe de son traditionnel statut
d'objet du discours poétique au statut de sujet écrivant ? La poésie des femmes
entretient-elle avec la figure de l'homme, éventuellement figure de la
tradition, de « l'autorité culturelle », un rapport d'idéalisation, d'amour, de
diabolisation, d'exclusion – ou de fraternité ?
Les propositions sont à adresser avant le 15 janvier 2007 à :
Patricia Godi-Tkatchouk (CRLMC, Université Blaise Pascal) [email protected]
Bernadette Hidalgo-Bachs (CRLMC, Université Blaise Pascal) [email protected]
Caroline Andriot-Saillant (CRLMC, Université Blaise Pascal) [email protected]
Responsable : Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et
Contemporaines
Adresse : Maison de la Recherche 4 rue Ledru 63057 Clermont Fd cedex 1.
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