Avec mes remerciements
à Tristan Hordé pour cette proposition
(Planche contact)
(1)
Sourcils finement arqués, peints à la craie
noire.
Trois exemplaires de la même photo. Une seule
diffère.
L’ombre près du nez s’accentue.
Le regard est transparent pour remonter le
temps.
Baguée, la main à demi posée.
De profil, l’imperfection millimétrique du grain
de peau reste à prouver.
(2)
Suzanne se tient froide.
Si haute.
Ni reins ni hanches
Cascade de cheveux violets.
Son visage de jeune Allemande est entièrement
fardé
Les sourcils redessinés à l’encre
La bouche rouge acide
En talons aigus d’habitude
Elle dessine des robes de tulle
Suzanne cambre les reins
Sa voix est grave
Les ciseaux plongent sous le taffetas
(3)
Ses photos par centaines dans les cartons de la
chambre noire. Petit visage aux déliés mignons. La femme se veut femme, qui ne
l’est qu’à moitié. L’autre moitié en guise d’amitié se déguise, à demi anglaise
d’une main trop courte. Le charme de son museau bouffi, je taris d’éloges. Il
me faut d’autres photos. Faute d’apprivoiser le temps qui s’est fixé, l’enfant
se tient, sourcils froncés, sérieuse et sidéré devant la pellicule.
Sandra Moussempès, Vestiges de fillette, Flammarion, 1997, p. 75-77.
Fiche
bio-bibliographique de Sandra Moussempès
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