Elle par
bonheur et toujours NU(e) : on pourrait reprendre le titre de Guy
Goffette pour dire la joie de voir revenir régulièrement une revue discrète
mais persévérante et dont le contenu ne laisse jamais indifférent. Nu(e)
propose son trente quatrième numéro, il est dédié comme chaque numéro à un
poète, aujourd’hui Jude Stéfan. Et le numéro est coordonné par quelqu’un qui
connaît bien Jude Stéfan pour avoir à deux reprises déjà écrit sur lui*, pour l’avoir
souvent rencontré, pour l’avoir lu depuis les premiers textes, pour avoir
beaucoup dialogué avec lui, j’ai nommé Tristan Hordé.
Il est important de projeter quelques feux sur Jude Stéfan qui est sans doute
un des poètes les plus importants d’aujourd’hui. Par l’ampleur de son œuvre,
pas tant en termes d’abondance mais plutôt d’empan, de ce qu’elle embrasse et
pour ce qu’elle nous dit de notre monde, par son extraordinaire travail sur la
langue et le vocabulaire en particulier.
C’est sans doute un des aspects les plus intéressants de ce numéro :
plusieurs contributions explorent la question du nom chez Stéfan, à partir du
nom propre bien sûr (se souvenir, voir la fiche bio-bibliographique de Stéfan,
que ce nom est un pseudonyme), à partir du patrimoine des mots aussi, avec un
goût marqué pour les mots vieillis, en voie de disparition (comme certaines
espèces), oubliés, auxquels il est important de redonner une nouvelle vie, l’instant
d’un poème, l’espace d’une page. Belle exploration de ce monde des vocables
dans l’article de Michel Favriaud mais aussi dans celui de Tristan Hordé
intitulé « La résurrection des mots » qui est également une étude sur
le recours à la citation de Stéfan en son « vaste remuement de noms et de
langues », ou encore selon l’expression d’un autre intervenant, Paul
Mathieu en « ces tissages et
métissages permanents des lexiques, des informations linguistiques,
scientifiques, bibliques, anecdotiques ».
De telle sorte que c’est à une vaste réflexion sur prose et poésie, sur
versification, sur le vocabulaire que nous entraîne la revue et cela, même dans
ses deux autres parties, « hommage
à Jude Stefan », avec en particulier une contribution de Béatrice Bonhomme
(créatrice de la revue), et le dossier sur l’Italie, l’Italie dite par Stéfan, Soror, un dossier préparé par le
traducteur Philippe Di Meo et qui offre des textes de Andrea Zanzotto, Gabriele
Frasca, Franco Buffoni et quelques autres.
Un dernier mot peut-être pour célébrer l’article de Yves di Manno, qui sait
mêler le souvenir autobiographique, celui du lecteur, à son approche de Jude
Stefan, permettant ainsi de mesurer l’importance historique de celui-ci et la
révélation que put constituer pour le jeune di Manno la lecture des premiers
recueils de Jude Stéfan et notamment par le biais du « dialogue intense,
fructueux, conflictuel, qui s’y établissait entre modernité et tradition. »
©Poezibao
Jude Stéfan dans Poezibao :
Note
bio-bibliographique
Livre
Jude Stefan, rencontre avec T. Hordé,
extrait
1, pauvres humains roulant leur cycle
d’enfer
extrait
2, p. de chiffres : cent
milliards de damnés
extrait
3, sur la grève : a fui l’hiver
extrait
4, p. de collage (extrait) : sous
l’égide d’un Schiele bas
extrait
5, Vieux / vioque vieillard,
vieillir, vieillesse
Recension
de Desespérance, déposition de Jude Stéfan par Tristan Hordé,
Revue NU(e), numéro 34, Jude Stéfan, 20 €
29 avenue Primerose, 06000 Nice.
e-mail : bb.nopasaran*wanadoo.fr (rétablir l’arobase)
site : www.revue.nue.org
*Les deux
livres de Tristan Hordé autour de Jude Stéfan :
un Cahier Jude Stéfan aux Éditions Le
Temps qu’il fait, 1993
et
Jude Stéfan, rencontre
avec Tristan Hordé, Argol, 2005
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